Laisser son monstre intérieur sortir du placard…

« Au lieu d’aller dehors, rentre en toi-même : c’est au cœur de l’homme qu’habite la vérité. » Saint-Augustin
Âmes sensibles s’abstenir ! S’il vous plaît, n’appelez pas Sainte-Anne, je suis encore -à peu près- lucide… Cet article est un peu mon coming-out, je vais vous dévoiler la partie de mon monde intérieur, de mon inconscient, que je commence à entrevoir... Qui, tel le petit monstre de Monstre&Cie, Bob Razowski, sort du placard... Afin de vous inciter à faire sortir le vôtre à votre tour bien sûr !
La rencontre avec son monstre intérieur
Tout a commencé au cours d’une méditation, il y a environ 3 ans. Il existe plusieurs formes de méditation, mais celle que je pratique, celle de « Pleine Conscience » (dont je vous reparlerai) est censée être sans objet, neutre, sans pensée. Souvent, cependant, à la fin, je l’ouvre à un dialogue intérieur pour être à l’écoute de mes ressentis, vibrations, et messages de mon corps et de ma conscience.
Ce jour-là émergeait en visualisation mon « enfant intérieur« , personnalisé par une petite fille d’environ 6 ans, que j’avais déjà rencontrée lors de méditations guidées. Quelle ne fut pas ma surprise de voir soudain « débouler » un petit monstre ¹ rond et rouge, un peu comme le Bob Razowski évoqué plus haut, mais beaucoup moins sympathique, qui cherchait à étrangler ma petite fille intérieure ! Choquée, j’ai tout de suite bloqué le processus.
Voir aussi ¹ A la rencontre de son animal totem
Laisser son monstre intérieur s’exprimer jusqu’au bout…
Par la suite, comme il revenait à la charge, je l’ai évoqué devant mon psychothérapeute. Il m’a alors donné un conseil un petit peu étonnant : d’aller jusqu’au bout de la démarche, de ne pas le bloquer, pour voir ce qui allait se passer… Après tout, ce n’était pas la réalité, mais seulement des projections de mon esprit, je ne prenais pas grand risque…
J’ai donc suivi ce conseil, et laissé mon monstre assouvir ses pulsions¹ lors de la visualisation suivante… Quel soulagement ! Je me suis sentie libérée d’un seul coup. Comme si une partie de moi triste, faible et « pleurnicharde » s’en allait… ! A la place, mon petit monstre intérieur, devenu sympathique, coquin, plein d’énergie, sautillant un peu partout, s’est installé. Les jours suivants, il s’est alors transformé en « coach sportif », m’incitant à reprendre le jogging² !
Voir aussi ¹ Se cacher pour mieux (?) être aimé ² Bouger physiquement pour bouger intérieurement
Un monstre intérieur qui personnifie nos émotions et nos pulsions
Depuis, je le consulte régulièrement, à la fin de chaque méditation quotidienne. Je ne le vois pas vraiment, c’est davantage un ressenti intérieur, au niveau de ma poitrine.
C’est comme s’il était un « baromètre » de ma véritable humeur, de la façon dont je me sens vraiment, sans filtres et sans détours. Comme s’il assumait mes véritables pulsions. Comme s’il personnifiait et exprimait le fond de mon inconscient, et était là pour mettre en lumière mes émotions les plus cachées. Il me dit toujours la vérité, sans prendre de gants… Toujours de façon un peu théâtrale, fougueuse, expressive, voire caricaturale. Il n’est pas très sage, et même pas très bien élevé !
Parfois, il se roule en boule et ronflotte, me signifiant qu’il n’y a aucun message, juste à se reposer... Parfois il est calme, serein, assis en tailleur, en train de méditer… Parfois il saute partout, il a un petit grain de folie, il est de bonne humeur, fait le fou, m’incite à rire… Parfois, quand je me demande par exemple si je dois me motiver pour aller au yoga, il se met à faire des salutations au soleil, pour me montrer le bon exemple... Mais, parfois… il explose…
Un monstre pour explorer sa face cachée la plus enfouie…
Récemment, mon petit monstre a laissé régulièrement sortir de nouvelles émotions, inattendues. J’ai été surprise, alors que je me sentais plutôt calme et sereine, de le voir et le sentir en colère, ce qui ne lui était jamais arrivé jusqu’ici. C’est comme s’il exprimait l’émotion que j’enfouissais depuis des années, depuis, en fait… toujours ! ¹
Tout ce que j’ai contenu, « stratifié », retenu, sous l’apparence d’une personne aimable et sage… qui avait toujours fait un blocage avec la colère. Comme s’il n’acceptait plus l’inacceptable. Alors que, pour un observateur extérieur, j’aurais été calme et silencieuse, en posture de méditation, de l’intérieur je l’ai observé sortir ces émotions, s’énerver, hurler, exploser, et cela m’a fait du bien…
En parallèle à cette évolution intérieure, dans la « vraie vie », depuis quelques mois j’ai appris à dire de plus en plus ce que je pensais² (sans toujours bien le doser, je suis encore débutante !), à ne plus me laisser faire, à assumer ma colère envers certaines personnes qui m’avaient blessée. C’est donc un processus de « défoulement » (dans le sens inverse de « refoulement ») qui me paraît plutôt sain…
Voir aussi ¹ De l’importance de bien se positionner ²La théorie de l’assiette de frite
Un monstre qui se transforme pour évacuer les émotions refoulées…
Récemment, mon petit monstre s’est encore transformé… Pendant les fêtes, lors de ma période d’hibernation¹, encore une autre surprise : mon petit monstre, devenu si familier et si sympathique au fil des années, s’est soudain transformé en un puissant et terrifiant dragon de feu ! Crachant des flammes, déversant un flot de colère qui était probablement resté coincé sous des couches cachées de mon inconscient… Puis il s’est léché les babines, a baillé, s’est roulé en boule et s’est rendormi… !
Et puis, hier, encore une autre surprise : sortant de ma poitrine, il s’est soudain transformé en un gros gorille noir, luisant et rugueux, bien ancré sur le sol, qui a commencé à grandir, grandir, devenant immense, dépassant la hauteur d’un immeuble tel King Kong, se frappant le thorax, exprimant force et puissance. Puis, une fois son « show » terminé, il s’est mis à rire et à danser, et moi avec !
Voir aussi ¹La thérapie de l’hibernation
Un monstre qui symbolise notre Ça
« Là où était du ça, doit advenir du moi » Freud.
Cette « confession » est longue, mais je ressentais le besoin de vous expliquer tout le parcours, la genèse et les transformations de mon monstre… Mais, bien sûr, je ne suis pas un cas isolé. Nous avons tous un monstre intérieur ; seulement, parfois on l’assume, et parfois il ne s’est pas encore exprimé…
Je ne suis pas spécialiste de Psychanalyse, mais un ami qui a fait des études de Psychologie m’a dit qu’il s’agissait probablement de la personnification de mon « Ça« , cher à Freud.
« Conceptuellement, le Ça représente la partie pulsionnelle de la psyché humaine, il ne connaît ni normes (interdits ou exigences), ni réalité (temps ou espace) et n’est régi que par le seul principe de plaisir, satisfaction immédiate et inconditionnelle de besoins biologiques. C’est donc le centre des pulsions, des envies qui constituent l’énergie psychique de l’individu. Le Ça est une instance entièrement inconsciente. C’est l’instance dominante chez un nourrisson qui ne fait pas la part entre réel et imaginaire et a un sentiment de toute-puissance.
Il se heurte le plus souvent, et le plus violemment, au Surmoi qui est le centre des normes imposées (par l’extérieur, la société, la déontologie…), des interdits. Le Surmoi interdit la satisfaction des pulsions du Ça et les refoule.
Cette lutte intérieure génère des conflits qui s’extériorisent par le Moi, le résultat devenu conscient et en contact avec l’extérieur.
Le Ça est donc la résultante d’une part d’un capital inné et héréditaire, somme des caractères de l’espèce (sexualité, agressivité) ; d’autre part de l’acquis de l’individu, résultat de son expérience et du refoulement des pulsions qui n’ont pu s’exprimer (et qui réapparaissent sous une autre forme). »
Souvent, les artistes expriment leur « Ça » à travers leur art¹, d’où certaines oeuvres un peu « torturées » parfois, quand ils ont beaucoup d’émotions refoulées à faire sortir…
Voir aussi ¹Quelle oeuvre d’art seriez-vous ?
Attention à ne pas confondre Ça et Conscience
Même si les deux sont des expressions intérieures de mon inconscient, je sens que ce petit monstre est bien différent chez moi de ma Conscience, le « Purusha » cher à Jung.
La Conscience
La Conscience, aussi appelée Conscience Supérieure, Soi, Soi Supérieur, Âme, Conscience Supérieure, Inner-Self, Témoin, Sagesse en nous, Guide intérieur, l’Etre, ou Purusha, est l’âme au sens d’être pur et conscient, immobile, immuable et lumineux en soi.¹
« L‘homme découvre le Purusha dans son cœur, le petit poucet, « plus petit que le plus petit, plus grand que le plus grand ». « Le petit Dieu individuel, le Shiva intérieur. » Jung, Psychologie du Yoga de la Kundalini. Pour plus de détails, je vous recommande l’excellent article Wikipédia sur le Soi.
Mon « Soi Supérieur », c’est le guide intérieur, calme, serein, tranquille et paradoxalement silencieux qui me parle lorsque j’interroge mon intuition.² Je le ressens personnellement au niveau de ma tête. Parfois, je communique avec lui par écriture automatique, et il a toujours des réponses simples, pleines de bon sens, sans fioritures. Elizabeth Gilbert, dans son best-seller « Mange, prie, aime », le décrit ainsi :
« Tout à coup, je m’aperçus que je ne pleurais plus. (…) J’étais seule. Sans l’être vraiment, toutefois. J’étais enveloppée de ce que je ne peux décrire que comme une petite poche de silence- un silence si rare que je répugnais à respirer, de peur de l’effrayer. J’éprouvais une quiétude harmonieuse. J’ignorais si j’avais déjà éprouvé une telle quiétude auparavant. Puis, j’ai entendu une voix. Non, non, n’ayez crainte : ce n’était pas celle de Charlton Heston dans une production hollywoodienne de l’Ancien Testament (…). C’était tout simplement ma propre voix, qui s’exprimait de l’intérieur de mon être. C’était ma voix, mais telle que je ne l’avais jamais entendue auparavant. C’était bien ma voix, mais empreinte d’une sagesse, d’un calme et d’une compassion absolus. C’était le timbre qu’elle aurait eu si j’avais, une fois dans ma vie, fait l’expérience de l’amour et de la certitude.«
Le Ça
Alors que mon petit monstre, personnifiant mon Ça, situé plutôt dans ma poitrine, est loin d’être calme et serein ! Il reflète mon Moi intérieur pulsionnel, et m’informe sur mon niveau d’énergie, mes envies et mes émotions profondes. « Oui, tout autre, car dans la nuit qui me protège, J’ose être enfin moi-même, et j’ose… » Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac
Il a du bon sens aussi, mais est plus actif et moins subtil, c’est le moins que l’on puisse dire, que mon Soi Supérieur ! Il est plutôt guerrier, parfois agressif, ne s’embarrasse pas des protocoles et fonce dans le tas ! Et, pourtant, je sens qu’il est bienveillant.
Les deux me paraissent complémentaires…
Voir aussi ¹Agir selon sa Conscience, c’est plus simple ! ² Ecouter son corps pour suivre son guide intérieur Stop ou encore ? Choisir de suivre son intuition Prendre le temps de prendre la bonne décision
Assumer son monstre intérieur pour éviter les explosions ou les refoulements
De mon point de vue, assumer son monstre intérieur, le Voir, c’est lui donner enfin de l’espace, lui permettre de s’exprimer « consciemment » plutôt qu’il enfouisse ses pulsions sous des couches internes de l’inconscient. C’est ne pas faire l’autruche, sortir la tête du sable et regarder « droit dans les yeux » ce que l’on a tout au fond de soi.¹
Cela me parait plus sain que de taire ses émotions, et qu’elles ressortent alors au moment où l’on s’y attend le moins, telle une cocotte-minute sous pression qui, ayant trop accumulé de refoulements, ne peut pas contenir plus longtemps la vapeur… Le monstre intérieur risque alors d’être plus virulent et plus terrifiant…
Ou alors, le risque que l’on prend en refoulant trop ses pulsions est de développer des symptômes corporels ou psychiques, qui seront la voie de sortie et d’expression de ces émotions refoulées.
« Le refoulement est un filtre incité par le Surmoi et opéré par le Moi. Le symptôme est le produit du refoulement qui consiste en un retour du refoulé sur le plan somatique. Il sert à échapper à l’angoisse. Il est le substitut d’une satisfaction pulsionnelle qui n’a pas eu lieu. Ce qui aurait dû être plaisir devient déplaisir. »
Certaines personnes n’ont pas de « filtre« , et explosent en continu au quotidien, ne gardant jamais leurs émotions à l’intérieur… Ce n’est pas forcément à cautionner, car il faut aussi apprendre à les canaliser ; mais ceux qui retiennent et filtrent² tout ne sont pas forcément plus calmes tout au fond d’eux-mêmes…
Voir aussi ¹Traverser ses peurs ²Se protéger, sans tomber dans les extrêmes
Comment faire sortir ses émotions ?
Il y a une infinité de solutions pour éviter de refouler ses émotions, et il vous faudra trouver la vôtre… En voici quelques exemples :
- l’écriture¹
- l’art en général, sous toutes ses formes²
- la psychanalyse ou psychothérapie
- pousser un « cri primal » (les fêtes foraines ou les forêts sont un bon endroit pour cela !)
- la méditation pour laisser émerger les émotions
- le défoulement physique³ (taper sur un punching-ball, sur un coussin, jouer au rugby, etc.)
- la danse « instinctive »⁴
- dire ce que l’on pense au lieu de le garder pour soi⁵
etc.
Il me semble qu’il faut parfois faire « la vidange » de ses émotions. Les faire sortir du placard… mais de façon encadrée. Et, comme toute chose, le faire régulièrement, avec équilibre⁶.
Voir aussi ¹Et vous, sur quoi écririez-vous ? ²Mettre de la beauté dans sa vie ³ S’abandonner à l’émotion ⁴Les bonnes vibrations de la danse ⁵Dire l’essentiel à ses proches ⁶De l’excès à l’équilibre
Et vous ? Avez-vous déjà rencontré votre monstre intérieur ? Si oui, à quoi ressemble-t-il ? Si non, cela vous fait-il un peu peur ? Et si vous alliez Voir les émotions refoulées tout au fond de vous, pour essayer de les faire sortir du placard ?
8 réponses à “Laisser son monstre intérieur sortir du placard…”
Amusant… cet article me fait penser à l’un des livres que je l’ai récemment : « Voyages » de Michael Crichton. Dans l’un des derniers chapitres, l’auteur parle aussi d’un monstre qui l’accompagne mais qui n’est finalement pas maléfique du tout.
Par contre, sans être une spécialiste, j’avoue avoir beaucoup de mal avec Freud et ses théories…
Je te conseille un excellent livre si tu veux apprendre à exprimer ta colère pour t’en libérer : « Comment obtenir ce que nous désirons » de John Gray. Moi je l’utilise pour exprimer… ma tristesse. (Pour la colère, je n’ai aucun problème !) (rires)
Amicalement,
Joy
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Merci pour la référence Joy.
Moi c’est avec la tristesse que je n’ai aucun problème ! Nous sommes bien complémentaires ! :)
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Amusant… cet article me fait penser à l’un des livres que je l’ai récemment : « Voyages » de Michael Crichton. Dans l’un des derniers chapitres, l’auteur parle aussi d’un monstre qui l’accompagne mais qui n’est finalement pas maléfique du tout.
Par contre, sans être une spécialiste, j’avoue avoir beaucoup de mal avec Freud et ses théories…
Je te conseille un excellent livre si tu veux apprendre à exprimer ta colère pour t’en libérer : « Comment obtenir ce que nous désirons » de John Gray. Moi je l’utilise pour exprimer… ma tristesse. (Pour la colère, je n’ai aucun problème !) (rires)
Amicalement,
Joy
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Merci pour la référence Joy.
Moi c’est avec la tristesse que je n’ai aucun problème ! Nous sommes bien complémentaires ! :)
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8 années de thérapie. 7 années de développement personnel. Un grand voyage. 2 cures ayurvédiques de 3 semaines. Et me voilà face à mon monstre intérieur. Google m’envoie ici. Et grâce à cet article, je comprends que c’est mon ÇA. Peut-être suis je prête pour l’affronter cette fois. Merci pour cet article. 🙏🙏
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Merci beaucoup pour votre commentaire ! Je crois qu’il s’agit plus de l’apprivoiser que de l’affronter ! :)
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Exactement ce que j’avais besoin de lire ce matin.
Gros merci! C’est plein de feu purificateur….
Je vais prendre le temps de vous découvrir en lisant plusieurs autres articles de ce même article qui m’ont interpellé.
Longue vie à vous sur le sentier de la vie
-Marco-Vick
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Merci beaucoup pour votre retour !!
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