Laisser partir ce qui doit partir…

« Heureux celui qui ne s’attache qu’à l’essentiel; sa vie se déroule dans la sérénité. » Daniel Desbiens
Hier soir, j’ai revu le très joli film « Là-haut’, et je l’ai trouvé très subtil, plein de finesse, et comme une merveilleuse métaphore de la vie… Il m’a beaucoup aidé à réfléchir sur la notion de lâcher-prise, et mes propres attachements.
La vie passe si vite…
Tout d’abord, je vous invite à revoir cette première scène, si douce et si triste à la fois, qui présente toute une vie d’amour en quelques minutes. C’est bien sûr un rappel de la fragilité de notre existence, et de la force des petits moments de bonheur qui, mis bout à bout, composent une vie harmonieuse. Une invitation de plus à vivre l’instant présent et à savourer chaque moment, pour ne pas regretter d’être passé à côté de sa vie quand il est trop tard… « On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va. » Jacques Prévert.
Un passé que l’on traîne comme un fardeau
Le héros est bien âgé et fatigué, mais il décide, en hommage à sa femme décédée, de concrétiser leur projet de toute une vie et la promesse de leur enfance : installer leur maison, symbole de toute leur vie d’amour, aux chutes du paradis. Mais la maison, de moyen de locomotion au départ, se transforme petit à petit en fardeau qu’il doit littéralement tirer à bout de bras. Son passé devient comme un boulet qui l’entrave dans sa progression.
Les souvenirs qui nous tirent vers l’arrière et nous empêchent d’avancer
Sa maison est bien plus qu’une maison pour lui : elle est le dernier vestige de leur amour, et emplie de merveilleux souvenirs : photos, meubles, objets souvenirs… Elle est chargée du poids de leur histoire. Ce passé était merveilleux ; mais il est révolu.
Entretenir la nostalgie est parfois plus dangereux que cela n’en a l’air… Certains objets, certains souvenirs, certains lieux, certaines personnes, nous rappellent en permanence une période de notre vie et nous tirent ainsi vers l’arrière au lieu de nous aider à aller de l’avant et nous reconstruire, avancer. Comme une plaie que l’on ravive, que l’on empêche de cicatriser.
L’attachement empêche de regarder autour de soi
Cet attachement à un passé (parfois idéalisé) est néfaste car il nous entrave et nous empêche de repartir. Tourné vers le passé et la nostalgie, il nous empêche de regarder vraiment le présent tel qu’il est, et de saisir les nouvelles opportunités qui se présentent. Certaines personnes peuvent ainsi passer à côté de leur vie, focalisant sur un traumatisme pendant des années ¹, alors qu’un nouveau bonheur est là, disponible, à condition de savoir le voir et le saisir… « Change ta façon de voir les choses, ça changera ce que tu vois. » Mr Wonderful
L’attachement à une obsession nous rend vite aveugle. Dans le film « Là-haut », le héros ne pense qu’à la réalisation de son projet, et pense avoir raté sa vie tant qu’il n’a pas atteint son but : mais, un jour, il trouve un album complété par sa femme, et il comprend soudain que leur vie était accomplie, pleine de tous leurs petits et grands moments de bonheur… La vie, ce n’est pas seulement les grands projets, c’est aussi les petits accomplissements et partages de tous les jours... Life is what happens to you while you‘re busy making other plans. John Lennon
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Désencombrer pour s’alléger
Le héros du film évolue progressivement : petit à petit, son coeur s’ouvre à l’autre ¹, à une aventure nouvelle, à l’inconnu. La première étape de sa transformation est très symbolique : pour que sa maison puisse à nouveau décoller, il décide de s’alléger, de désencombrer ², de se libérer des souvenirs qui lui pèsent, aussi beaux soient-ils. Il n’a plus besoin de ces vestiges du passé, qui sont désormais de beaux souvenirs dans son coeur. Il revient dans le présent. Il revit enfin.
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Se libérer du passé, laisser partir ce qui doit partir
Et puis, soudain, cette scène magnifique, si forte, si pleine de sens : il doit faire un choix entre la vie et sa maison, et décide de lâcher prise sur son attachement au passé. Sa maison, à laquelle il tenait tant, portée par les ballons, disparaît doucement de sa vue et de sa vie. Il laisse partir ce qui doit partir… Il est maintenant prêt à vivre une nouvelle aventure, comme le lui a conseillé sa femme dans son dernier message. Au petit garçon qui l’accompagne et lui dit qu’il est désolé pour lui, il répond cette très jolie phrase : « ce n’est qu’une maison… » Désormais, il sait voir ce qui est vraiment important. L’essentiel. « Ce qui me fait peur, c’est de posséder. Ca me dérange, ça m’empêche de penser à l’essentiel. » Richard Bohringer.
Parfois, il faut avoir le courage ¹ de couper les ponts, larguer les amarres, passer à une autre étape, pour son propre bien et/ou celui des autres. Aussi difficile cela soit-il, une coupure nette est parfois préférable quand il n’y a pas d’autre solution, et que la méthode « douce » et progressive ne fait que raviver régulièrement les blessures.
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Se détacher pour s’ouvrir à l’inconnu, sans attentes
Alors, sans attachements, allégé, le héros est désormais disponible pour s’ouvrir à la vie et pour se reconstruire, sans attentes ni idées préconçues. Les merveilleux souvenirs ne sont pas oubliés : mais il n’est plus bloqué sur son obsession, il n’organise plus sa vie autour d’eux. Ils ne sont plus son seul horizon, ses seuls points de référence.
Libéré des entraves de son passé, il peut désormais aller plus loin, plus haut, tout « là-haut », vers une vie nouvelle ouverte aux surprises et à l’inconnu.
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6 réponses à “Laisser partir ce qui doit partir…”
J’ai vu ce film lors de sa sortie et je n’en n’ai rien gardé.
Aujourd’hui, que je viens (comme le vieux Monsieur) de couper un paquet de liens que je portais depuis des années, voire des décennies, l’analyse que tu en apportes me touche beaucoup.
J’ai l’habitude d’imaginer plutôt porter un sac à dos qui se charge au fil des années, des souffrances et des difficultés, mais la métaphore de ce film est, elle aussi, très parlante.
Félicitation pour cette vision très pertinente,
Bonne journée
Linda
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Merci beaucoup pour ton partage Linda. L’image du sac à dos est très parlante en effet aussi, c’est celle qu’emploie d’ailleurs Don Ruiz des « 4 accords toltèques », le fardeau du passé que l’on porte en permanence sur soi et que l’on tente parfois de « refiler » à son entourage…
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Il va vraiment falloir que je lise ces fameux accords !
Bonne fin de week-end
Linda
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J’ai vu ce film lors de sa sortie et je n’en n’ai rien gardé.
Aujourd’hui, que je viens (comme le vieux Monsieur) de couper un paquet de liens que je portais depuis des années, voire des décennies, l’analyse que tu en apportes me touche beaucoup.
J’ai l’habitude d’imaginer plutôt porter un sac à dos qui se charge au fil des années, des souffrances et des difficultés, mais la métaphore de ce film est, elle aussi, très parlante.
Félicitation pour cette vision très pertinente,
Bonne journée
Linda
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Merci beaucoup pour ton partage Linda. L’image du sac à dos est très parlante en effet aussi, c’est celle qu’emploie d’ailleurs Don Ruiz des « 4 accords toltèques », le fardeau du passé que l’on porte en permanence sur soi et que l’on tente parfois de « refiler » à son entourage…
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Il va vraiment falloir que je lise ces fameux accords !
Bonne fin de week-end
Linda
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