Vers l'équilibre…

* Article « guest » * Se cacher pour mieux (?) être aimé

« Les monstres et les fantômes existent. Ils vivent à l’intérieur de nous, et parfois ils gagnent. » Stephen King

Ce troisième article « Guest ¹ » fait écho à mon propre article sur le monstre intérieur²… Mon ami Alex se livre à nous avec beaucoup de sincérité, et je le remercie du fond du coeur pour cela, pour nous faire réfléchir sur la différence entre ce que l’on dévoile en « façade » et son vrai Soi intérieur… Et la souffrance qui résulte d’un décalage.

 » Je joue donc à moi seul bien des personnages dont nul n’est satisfait. » Shakespeare, Richard II

Mais le secret du bonheur, ne serait-ce pas que les deux soient en accord ? Tout simplement de ne plus se mentir à soi-même ? Et de se montrer tel que l’on est ? N’est-il pas risqué de chercher à être aimé « à tout prix », au détriment de sa Vérité Intérieure ? De chercher à se couler dans un moule qui n’est pas à notre forme ou notre dimension ? De chercher à rentrer dans les cases construites selon les normes des autres ? Les bases de l’amour et de l’amitié risquent de ne pas être établies sur des fondations solides : la sincérité, l’honnêteté, la confiance…

« J’ai toujours craint ceux qui ne supportent pas d’être seuls et demandent au couple, au travail, à l’amitié voire, même au diable ce que ni le couple, ni le travail, ni l’amitié ni le diable ne peuvent donner : une protection contre soi-même, une assurance de ne jamais avoir affaire à la vérité solitaire de sa propre vie. Ces gens-là sont infréquentables. Leur incapacité d’être seuls fait d’eux les personnes les plus seules au monde. » Christian Bobin

Bien sûr, nous portons tous un masque. D’ailleurs, le mot « personnalité » vient de Persona, du latin lui-même dérivé du Grec ancien, désignant le « Masque » des théâtres antiques… Mais n’est-il pas épuisant de ne jamais s’autoriser à le poser, ce masque si lourd ? Ne risque-t-on pas de se diluer dans les envies des autres et de ne plus savoir qui l’on est vraiment au fond de soi ? Plutôt que chercher « une protection contre soi-même« , ne vaut-il pas mieux affronter³ «  la vérité solitaire de sa propre vie. » ? Au risque, sinon, de nourrir et faire grandir ses monstres intérieurs de ses frustrations et refoulements… ?

Plus que la « personnalité », cet article évoque la « Persona » chère à Jung, et le poids qu’elle fait peser sur notre vie… Je me suis donc permis de rajouter le point d’interrogation dans le titre…

Se cacher, le masque, la Persona

Pour finir l’introduction, le travail de l’artiste chinois Zeng Fanzhi fait écho au thème de cet article : dans sa série intitulée « Mask » (1994 à 2004), les hommes sont vêtus à l’occidentale de la tête aux pieds, exception faite des mains. Surdimensionnées, volumineuses, rougeâtres, elles poussent comme les dernières excroissances d’une idéologie finissante.

« Les mains, on ne peut jamais les cacher. Elles trahissent toujours notre condition sociale. Pour le reste, on peut tout cacher, une expression, un visage, car on n’avance jamais sans masque en société. » Zeng Fanzhi.

Maintenant, je laisse la plume à Alex.

Voir aussi ¹ Et vous, sur quoi écririez-vous ?   ² Laisser son monstre intérieur sortir du placard    ³ Traverser ses peurs    Se surprendre soi-même

Se cacher pour mieux être aimé

Je me cache toujours. Je ne suis jamais moi, et ne montre presque jamais ma véritable personnalité, mes vraies convictions, mes réelles pensées… En fait, je ne montre qu’une partie de moi à une personne, une autre partie à une autre personne, et ainsi de suite… Même si toutes ces personnes se croisaient et recoupaient toutes ces parties, elles n’auraient pas toutes les cartes en main pour me connaître, elles ne verraient qu’un puzzle incomplet, tout juste leur donnant une idée hypothétique de mon vrai moi. L’entièreté de ma personnalité, j’en suis persuadé, ferait « fuir » tous, ou quasi, mes amis, famille etc… Donc, pour être totalement aimable, je dois me cacher, et ne dévoiler que ce qui est acceptable…

Pourquoi cette « timidité »?

Eh bien c’est simple ! Ce n’est pas vraiment de la timidité, c’est plutôt la certitude que la majorité des gens sont fermés d’esprit, à différents degrés bien sûr… En fait, je suis certain que si je parlais d’une partie de moi à une personne qui ne la supporte pas, elle me catégoriserait, me jugerait, et garderait cette idée en tête… voire me parlerait moins, ou pas du tout… Une sorte d’étiquette indélébile indiquant à la personne à qui je n’aurais pas dû me confier, en plus de mes bons points caractériels, celui, mauvais, qui a choqué ou énervé cette même personne. Cette étiquette, bien sûr, n’étant lisible et ne provoquant de réactions spécifiques que pour la personne ayant posé celle-ci!

Montrer l’acceptable

Il faut donc qu’avec Madame X je réagisse comme moi X (c’est à dire que je tais les parties de moi qui ne plairaient pas au type X), et qu’avec Monsieur Y je ne sois que le moi Y acceptable etc… Mais, comme je le disais plus haut, même en recoupant tout l’alphabet (x, y, etc…) il n’y aura jamais mon moi entier, je garderai toujours certaines parties cachées, car parfois la société (et donc la majorité des gens qui y sont éduqués) n’accepte pas des idées en dehors de son domaine de valeur (très subjectif d’ailleurs!). La société, je pense, en plus de ranger les x avec les x et les y avec les y (etc…), n’aime pas les 1 ou les 2, ce n’est pas une lettre, donc inacceptable par tous, et banissable, voir punissable!…

Voila pourquoi personne ne me connait vraiment entièrement, certains en connaissent beaucoup, d’autres très peu, d’autres encore croient en savoir beaucoup et en fait ne me connaissent pas du tout…

Ne pas pouvoir éclater

C’est très dur d’être comme cela, un caméléon, à m’adapter toujours aux gens (conjoint, famille, amis, collègues), de toujours garder pour moi des pans entier de ma personnalité, de ne pas pouvoir parler tout mon saoul de tout ce qui me plait, rire aux éclats devant des choses banales, voire idiotes, de faire ce que je veux (dans le respect d’autrui bien sûr!) comme je le veux, et d’autres choses que je m’interdis, tout cela sans voir le regard des gens sur moi, leur désapprobation, de les voir me juger sévèrement parfois, et parfois même me tourner le dos, sans espoir de retour!

Le costume du caméléon

C’est pour cela que je m’adapte, que je porte ce costume de caméléon, blanc pâle, irisé de couleur fades, changeant au gré des rencontres¹. Je n’éclate jamais, reste imperturbable, tout en feignant être comme les gens veulent le voir, vivre, rire, jouer la comédie, en gardant ce masque « social »… Ce caméléon timide ne se dévoile que par moments pour tester les gens, voir jusqu’où il peut se dévoiler, pour mieux, souvent, se recacher et sourire, faisant mine de rien et masquant sa vérité par une vérité plus acceptable…

Voir aussi   L’effet miroir pour communiquer avec les autres… à leur insu

Mon monstre

Malheureusement, cette vie a créé un monstre… un double enfoui dans ce blanc, un double sombre, noir, rouge, vert dégoulinant, remuant sans cesse, plein de fureur, de cris, de haine parfois. Un autre qui voudrait, non pas se révéler gentiment, non pas juste montrer ma vraie personnalité, mais plutôt écraser celles des autres, les dominer, les contrôler, et les faire s’adapter ou mourir ¹! Cet autre, dur à gérer, me pourrit de l’intérieur, me donne mal au ventre, me fait parfois avoir des soubresauts, me fait souvent sortir des méchancetés, devant les gens, devant la télé, me fait les penser²…

Voir aussi ¹ De l’excès à l’équilibre      ²Penser… une seule fois

Pour résumer ma personnalité

Voila, en gros, ce que la plupart des gens que je connais voient, c’est une personne blanche qui se peint à leurs couleurs, avec dessous une boule lumineuse et colorée comme un dessin d’enfant, et satellitant autour (grandissant) un monstre crachant sa noirceur à tout va…

Enlever son costume

J’aimerais un jour pouvoir retrouver ma vraie couleur (vert pomme vif), mes vraies envies, être réellement moi, au moins avec une personne¹, ou même seul², pas juste dans ma tête… ne plus avoir ce monstre qui se sert de mes cachotteries comme d’outils pour construire son monde noir ! Pouvoir enfin respirer librement, enlever ce costume sans âme³ et être fier d’être nu devant celui, celle, ceux, qui enfin m’aimeront pour ce que je suis, pour mon vrai moi ! Et enfin laisser s’effacer mon monstre, qui, n’ayant plus rien à frapper, s’épuisera et sera avalé par ma vraie personnalité.

Voir aussi   ¹Dire l’essentiel à nos proches     ²La thérapie de l’hibernation    ³Se protéger… sans tomber dans les extrêmes     De l’importance de bien se positionner   A la rencontre de son animal totem

se méfier des apparencesMagritte, Le fils de l’homme, 1964

« Chaque chose en cache une autre, nous désirons toujours voir ce qui est caché par ce que nous voyons. Cet intérêt peut prendre la forme d’un sentiment assez intense, une sorte de combat entre le visible caché et le visible apparent » Magritte

Vous et les autres…

La société crée des névrosés, des gens qui ne peuvent s’exprimer vraiment, qui se doivent de rentrer dans le moule acceptable aux yeux de tous. L’harmonie doit passer, selon l’opinion publique, par l’oubli de soi et le refus de sa vérité intérieure, au profit de l’acceptation de la vérité établie.¹

Ainsi, chacun essaie de vivre avec son maigre lopin de vrai, dans son maigre espace psychique – comme physique d’ailleurs. Et de cette compression sociale né parfois un monde intérieur plus vaste, et souvent plus sombre, inconscient, mais abritant souvent un monstre, plus ou moins grand, plus ou moins dangereux…

Que doit-on faire pour pouvoir devenir soi ? Doit-on aller contre la société, contre ceux que l’on aime (que l’on croit aimer), ou qui nous aiment (le croit-on, en fait…), seul pour un et un pour soi ! Doit-on laisser s’exprimer son excentricité, son originalité, son unicité… Chez soi, à l’extérieur, au travail, dans sa famille ou son couple…?

Ou doit-on se cacher, se taire, ranger son vrai soi au grenier, au risque de se le faire prendre par un petit monstre intérieur, et de, peut être, se perdre soi-même un jour…?

Voir aussi    ¹Garder son indépendance d’esprit


Et vous ? Vous êtes-vous aussi créé un costume « social » pour plaire aux gens que vous croisez, vous cachez-vous aux autres… ou à vous-même ? Ou bien êtes-vous vraiment vous-même devant tout le monde, quelle que soit l’opinion générale ou la situation…? Et, si jamais vous vous cachez constamment, avez-vous dans votre ventre, ou ailleurs, un monstre qui sommeille, mange votre frustration, et grandit…?


8 réponses à “* Article « guest » * Se cacher pour mieux (?) être aimé”

  1. CC

    Magnifique article dans lequel je suis complètement reconnue. Si j’ai encore cette fâcheuse tendance du masque en société, lors de soirées, rencontres brèves, mes amis , maintenant ont le droit à un moi plutôt assumé… petit à petit. Mais le monstre était là, l’envie de fuir mes amis aussi pour ne plus avoir à faire semblant, à être cette identité fausse construite sur plusieurs années. Mais, en discutant avec eux, après les avoir violemment rejetés, j’ai compris qu’ils m’aimeraient comme je suis, qui que je sois, parce que ce sont de vrais amis sincères et aimant. Et qu’au final la peur à être moi était complètement infondée et venait…de moi! Depuis, je ne me cache plus avec le « petit noyau dur ». Plus difficile quand je rencontre de nouvelles personnes! Mais très rassurant de voir que je ne suis pas la seule dans ce cas. Merci pour le partage.

    J’aime

    Réponse
  2. CC

    Magnifique article dans lequel je suis complètement reconnue. Si j’ai encore cette fâcheuse tendance du masque en société, lors de soirées, rencontres brèves, mes amis , maintenant ont le droit à un moi plutôt assumé… petit à petit. Mais le monstre était là, l’envie de fuir mes amis aussi pour ne plus avoir à faire semblant, à être cette identité fausse construite sur plusieurs années. Mais, en discutant avec eux, après les avoir violemment rejetés, j’ai compris qu’ils m’aimeraient comme je suis, qui que je sois, parce que ce sont de vrais amis sincères et aimant. Et qu’au final la peur à être moi était complètement infondée et venait…de moi! Depuis, je ne me cache plus avec le « petit noyau dur ». Plus difficile quand je rencontre de nouvelles personnes! Mais très rassurant de voir que je ne suis pas la seule dans ce cas. Merci pour le partage.

    J’aime

    Réponse

N'hésitez pas à laisser un commentaire !

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Le HTML de base est permis. Votre adresse email ne sera pas publiée.

S'abonner à ce flux de commentaires par RSS

%d blogueurs aiment cette page :