Prendre le temps de prendre la bonne décision

« On doit prendre les petites décisions avec sa tête et les grandes avec son coeur » Henry Jackson Brown
Cet article complète celui que j’ai écrit il y a deux jours sur l’intuition, car il me semble que l’élan est important mais qu’il ne faut pas oublier qu’« il faut savoir raison garder » (Aristote). Ce matin, j’ai réalisé que je devais m’interroger sur le processus de prise de décision, et l’engagement. La pondération entre l’intuition et la raison.
Fonctionner à l’intuition ou à la raison ?
Comme je fonctionne beaucoup à l’instinct, à l’élan, au déclic, à l’intuition, et que cela me réussit bien en général, jusqu’ici je ne le remettais pas en cause.
Mais une petite anecdote, banale en apparence, me fait réfléchir : jusqu’à quand faut-il se fier à son « guide intérieur » ? Aux signes présentés par la Vie sur le chemin ? Faut-il pour autant « zapper » la raison ? Dans quel cas se fier à l’un, dans quel cas à l’autre ?
Regretter un engagement pris à la légère
Pour vous donner l’exemple de départ de ma réflexion, je me suis engagée « bêtement » dans un abonnement éducatif pour ma fille, sans réfléchir. Chaque numéro coûte « seulement » 6 euros, et on peut l’interrompre « à tout moment ». Mais comme c’est pour réaliser une maquette du corps humain, je n’avais pas mesuré l’ampleur de l’engagement, étant donné que je peux difficilement m’arrêter à la moitié du chemin… Et j’ai fait la bêtise de ne pas me renseigner avant sur le nombre de numéros… soit 80 ! Maintenant que j’ai commencé, j’assume, mais je m’en mords les doigts comme vous pouvez l’imaginer. Encore une bonne leçon… mais payée au prix fort cette fois.¹
Voir aussi ¹ Stop ou encore ? Choisir de suivre son intuition Deux méthodes différentes pour avancer dans la vie
L’élan, l’intuition, les rêves et les synchronicités sont de bons panneaux indicateurs
Je suis la première à indiquer à quel point il faut se fier à son instinct et aux signes que la Vie met sur notre chemin¹ :
- synchronicités² qui nous indiquent la voie, tels les cailloux du petit Poucet
- messages d’avertissement³ « stop ou encore », quand quelque chose de vraiment inhabituel vous « met la puce à l’oreille »
- intuitions qui nous guident vers « ce que nous sentons » ou « nous ne sentons pas »
- rêves signifiants
- élans⁴ parfois curieux ou improbables
Voir aussi ’ Bien (se) conduire sur le chemin de Vie Laisser son monstre intérieur sortir du placard ²Etre attentif aux synchronicités de sa vie ³Observer le code de la route de la vie ⁴Suivre son élan…
Annule et remplace : une prise de décision basée sur un mélange d’intuition et de raison
J’ai trois amis qui fonctionnent exactement de la même façon : il sont très rationnels tous les trois, très « dans le mental » et la réflexion, et pourtant ils peuvent prendre une décision radicale (divorce, achat de maison) d’une seconde à l’autre. Comme s’ils faisaient un « annule et remplace« . Bien sûr, cela surprend leur entourage ! « N’expliquez jamais les raisons pour lesquelles vous prenez une décision : la décision peut être bonne et les raisons mauvaises. » Talleyrand
Il est intéressant d’ailleurs de noter qu’ils sont probablement tous les trois du même ennéatype de l’ennéagramme. (mais c’est un autre sujet dont je vous reparlerai)
En pratique, le processus inconscient à l’oeuvre est probablement un mélange d’instinct et d’intuition, mais aussi d’analyse d’expérience. La synthèse se fait plus vite chez certaines personnes en apparence, mais peut-être que les mécanismes « souterrains » de réflexion sont à l’oeuvre depuis longtemps.
Dans quel cas se baser sur l’intuition ? Sur la raison ?
Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est de « réhabiliter » l’usage de l’intuition ou la raison… à bon escient. Je pense qu’il faut en fait tout simplement distinguer deux cas :
- celui où le déclic est évident : l’intuition suffit
- celui où la décision n’est pas claire : l’intuition doit être combinée avec la raison, en ajoutant l’ingrédient du temps.
Parfois, l’intuition, l’élan, l’instinct, le déclic sont comme une évidence
« Il arrive que les grandes décision ne se prennent pas, mais se forment d’elles-mêmes. » Dalaï-Lama. Parfois, tout simplement, on « sait ». Du plus profond de nous. C’est comme un instinct. Quand c’est « une évidence« , quand on n’a même pas de questions à se poser tellement on « sait », que le raisonnement soit caché ou pas, peu importe après tout ! Si on « sait »… la prise de décision est facile !
Moi-même je fonctionne beaucoup comme cela, et j’ai souvent pris des décisions radicales et changé de chemin de Vie en quelques secondes. Ce n’était pas pour autant irresponsable : c’était en fait la combinaison de l‘aboutissement d’une longue réflexion interne et d’un déclic qui faisait tout basculer.
Si, en plus, tous les feux sont au vert (les choses se déroulent de façon fluide, sans obstacles, voire avec une simplicité étonnante), on n’en est alors que plus conforté dans notre choix.
L’intuition, l’élan que nous ressentons, se suffisent alors à eux-mêmes dans la prise de décision.
Les cas où la décision n’est pas une évidence
Mais, parfois, la décision n’est pas claire en nous, nous n’avons pas de déclic ou d’avis tranché sur la question ; la direction n’est pas facile à choisir. Il me semble qu’il ne faut alors rien précipiter, agir avec discernement, et entamer alors un processus actif, associant raison et intuition, et combinant :
La pause, la prise de recul
Quand on le peut, ne pas « décider » à chaud, prendre le temps du recul nécessaire et de se retrouver face à soi-même. Je connais quelqu’un qui a pris rapidement une décision radicale, alors qu’il n’était pas sûr de son choix. Peut-être aurait-il dû ralentir et prendre le temps de « décanter » seul avant de prendre un chemin qui affecte sa vie entière.
La raison
La prise de renseignement, les faits, les raisonnements « objectifs », les listes… Dans la petite anecdote mentionnée plus haut, je n’avais pas un avis tranché, ni d’urgence à me décider : j’aurais bien sûr dû prendre le temps de me renseigner en détails.
L’écoute des « signes »
Même si on est très rationnel, s’interroger si des obstacles inattendus et inhabituels se dressent sur le chemin.
L’écoute de soi
Se concentrer sur son ressenti intérieur, message instinctif de notre inconscient. Apprendre à s’écouter, et surtout à ne pas se mentir… Prendre le temps de se centrer¹…
Voir aussi ¹ Ecouter son corps pour suivre son guide intérieur Rester centré Déployer son arbre intérieur
Les cas « mixtes » : attention à ne pas confondre intuition et envie
Parfois, votre élan vous dit oui mais la Vie vous dit non ! Par les obstacles, le manque de fluidité, les portes qui se ferment de façon anormale…
Posez-vous alors la bonne question : est-ce votre intuition qui vous dit oui ? Ou votre envie, un peu comme une gourmandise ? Est-ce un élan vital, venant du plus profond de votre âme ? Ou un instinct glouton, cherchant à combler un manque ou satisfaire un plaisir immédiat¹ ?
Attention à ne pas confondre intuition et envie... Cela m’est déjà arrivé de lutter « contre les éléments », parce que j’avais « envie de suivre mon envie », malgré les signes contraires évidents ! Parfois on fonce droit dans le mur parce que l’on cherche inconsciemment à assouvir ses pulsions…
Voir aussi ¹ De l’excès à l’équilibre
Et si le fait d’hésiter était déjà une réponse en soi ?
« Hésiter, c’est déjà prendre une décision ». Stanislaw Jerzy Lec
Une amie me faisait remarquer que le fait d’hésiter donne peut-être tout simplement la réponse que l’on a au fond de soi. Sinon, ce serait une évidence…
C’est une vision assez radicale, mais il est vrai que j’ai déjà été confrontée à un cas où, devant une décision à prendre, un ami hésitait, et je lui avais fait remarquer que son hésitation donnait déjà une indication, car moi-même, dans la même situation, je « savais »… Et d’ailleurs, les circonstances m’ont donné raison par la suite…
Le temps pris pour se décider n’est pas du temps perdu
Bien sûr, il y a des cas où l’on n’a pas le choix et la décision doit être prise immédiatement. Mais, souvent, on peut négocier un délai. Ce temps pris est du temps gagné par la suite : imaginez que vous preniez le mauvais chemin… le temps perdu sera bien plus long à rattraper ! Et même inquantifiable !
Sans compter qu’une fois que l’on est engagé sur une mauvaise voie, il est parfois très difficile de rebrousser chemin. On se sent « trop investi pour reculer« , sans retour en arrière possible, dans une sorte d’auto-manipulation cérébrale… Mieux vaut bien réfléchir avant de s’engager… « Un jour, on prend une décision, on ne sait même pas comment, et cette décision a sa propre force d’inertie. Avec chaque année qui passe, il est un peu plus difficile de la changer. » Kundera, L’insoutenable légèreté de l’être
Même si l’on peut positiver après coup en se disant que toute expérience est bonne à prendre et à être vécue, ne vaut-il pas mieux prendre directement la bonne décision lorsque l’on a le choix ?
Et, parfois même, les choses se décantent d’elles-mêmes ! Cela valait la peine d’attendre¹ !
Si vous n’êtes pas sûr, si vous hésitez, remettez votre décision à plus tard. Le fameux « la nuit porte conseil » est parfois judicieux… mais, parfois, il faut plus d’une nuit pour éclaircir son esprit et éclairer le bon chemin…
Voir aussi ¹ La théorie de la fraise Oser changer de vie Le bon moment, c’est maintenant
Et vous ? Avez-vous tendance à peser longuement le pour et le contre, et être parfois paralysé dans votre processus de décision ? Ou, au contraire, à agir à l’instinct, sans réfléchir ? Et si vous essayiez de changer de technique de prise de décision, pour une fois, juste pour voir ce que cela donne ?
2 réponses à “Prendre le temps de prendre la bonne décision”
En effet l’hésitation est un signe avant coureur qui doit poser questions, bien plus qu’on ne le pense……
Encore un bel article de fond.
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En effet l’hésitation est un signe avant coureur qui doit poser questions, bien plus qu’on ne le pense……
Encore un bel article de fond.
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