Se protéger, sans tomber dans les extrêmes

« Nous ne sommes jamais aussi mal protégés contre la souffrance que lorsque nous aimons » Sigmund Freud
Aujourd’hui, en relisant l’article *guest* « Le soutien » pour le mettre en ligne, j’ai été frappée par une réflexion : cela me faisait penser au fameux proverbe populaire « Chat échaudé craint l’eau froide ». L’idée que l’on se méfie de tout ce qui nous rappelle notre souffrance, de près… ou de loin, lorsqu’on a eu une grande blessure.
Une réaction de sur-protection
On développe alors une « tolérance zéro » à ce qui nous évoque le mal initial. On devient hypersensible sur le sujet qui nous a blessé, peureux, méfiant, voire paranoïaque… On se protège.
Mais ce n’est pas toujours proportionnel à la réalité. En réaction au fait d’avoir été piqué par un moustique, on risque d’écraser toutes les mouches qui passent… avec un marteau.
Se faire une promesse… et tomber dans l’extrême inverse
Dans l’exemple donné par Jérôme dans cet article, il explique qu’il ressent un véritable électrochoc en découvrant que le soutien, les efforts fournis toutes ces années ont été perçus comme invasifs et perturbants. Il se fait alors la promesse de ne plus apporter aucun soutien important ou profond à personne, à part ses enfants.
Ce type de réaction, « épidermique » qui consiste à tomber dans l’extrême inverse, est très classique : par exemple, dans le même ordre d’idée, j’ai un ami qui est maladivement jaloux, et l’explique par le fait qu’il a été trompé par le passé. Il a donc peur de souffrir à nouveau et son manque de confiance envers l’autre est parfois même contre-productif, car il interprète parfois des situations à la lumière de son passé, au lieu de l’éclairage du présent…
A l’inverse, mais c’est du même schéma psychologique qu’il s’agit, un autre ami a subi une jalousie disproportionnée dans sa précédente relation. Il s’est fait le serment de ne plus en souffrir, a donc développé une « tolérance zéro » sur le sujet, et est très vigilant sur la question… une pointe de jalousie naissante est alors pour lui un avertissement, et une crise de jalousie une cause de rupture.
De même, il est classique d’entendre une personne dire, après une déception sentimentale, que l’on ne l’y reprendra plus, qu’elle a trop souffert et qu’elle fait une croix sur toutes les relations amoureuses…
C’est comme si une « sonnette d’alarme » retentissait tout à coup quand une situation rappelle la souffrance du passé, pour nous protéger… même si elle n’a qu’un rapport éloigné avec le sujet.
Apprendre de ses erreurs… mais ne pas cristalliser.
Bien sûr, il est très important de prendre du recul et d’essayer d’apprendre de ses erreurs pour ne pas reproduire les mêmes schémas d’une expérience à l’autre ; ce n’est pas moi qui vous dirai le contraire ! Mais, là encore, c’est d’une question d’équilibre ¹ qu’il s’agit.
Je pense qu’il faut être vigilant et ne pas tomber dans l’excès inverse, endurcissant tellement ses critères que l’on en devient intolérant, projetant ses peurs du passé sur le présent, cristallisant ² sur des obsessions qui ne sont pas adaptées à la situation du moment.
Voir aussi ¹ De l’excès à l’équilibre ² A la rencontre de son animal totem
Se créer une carapace de protection
Bien sûr, on a peur de souffrir à nouveau. Le risque est alors de se protéger tellement que l’on s’endurcit au passage : on se crée une distance, une armure, une cuirasse, une carapace de protection¹. On en « rajoute une couche », le fameux « on ne m’y reprendra plus »… Des croyances risquent alors se cristalliser dans notre inconscient et seront de plus en plus difficiles à déloger…
Pour avancer, il s’agit de faire face à ses peurs, et de les traverser pour s’en libérer².
Voir aussi ¹ Nos réponses face aux difficultés de la vie Laisser son monstre intérieur sortir du placard De l’importance de bien se positionner Se cacher pour mieux (?) être aimé) ² Traverser ses peurs
Ré-apprendre à prendre des risques
Le chat échaudé a tout à fait raison de se méfier de l’eau bouillante, en effet… mais il fuit à mauvais escient l’eau tiède ou froide qui ne lui fera aucun mal. Il faut qu’il (ré) apprenne à se mouiller…
Il s’agit d’être conscient du fait que « le passé, c’est le passé » et que cristalliser dessus est inutile, voire contre-productif. Comme le dit Chantal Rialland, « on ne va pas souffrir toute notre vie d’avoir souffert. On ne peut pas changer le passé, mais on peut changer en nous les séquelles de ce passé.¹ »
Voir aussi ¹ Tomber sept fois, se relever huit Bien (se) conduire sur le chemin de Vie
Garder confiance malgré tout
Tout cela peut être résumé par la question de la confiance et de garder son ouverture d’esprit. C’est vrai que c’est difficile, mais il s’agit de garder une certaine confiance en la sincérité des autres et en l’humanité en général, pour ne pas tomber dans les généralisations abusives et les préjugés. (« tous / toutes des xxx… »).
Après tout, pourquoi partir du principe que les situations vont forcément se reproduire à l’identique ? C’est même peu probable, compte-tenu de l’expérience acquise au passage… Restons vigilant, bien sûr… mais pas rigide.
Et vous ? Avez-vous déjà été « échaudé » par la vie ? En réaction, avez-vous créé une armure de protection ? Ou arrivez-vous à faire la part des choses et à garder confiance en l’avenir malgré tout ?
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