S’enrichir au contact des autres

« Le seul véritable voyage n’est pas d’aller vers d’autres paysages, mais d’avoir d’autres yeux. » Marcel Proust
Le point de départ de cet article est une anecdote en apparence très banale : j’avais invité des amis à une soirée « développement personnel » (si si ça existe ! Et cela donne des résultats vraiment intéressants ! Pour ceux qui sont intrigués, je vous recommande le très joli jeu : Perlipapotte qui peut servir de support de discussion) ; et une des personnes présentes me proposait gentiment son aide pour faire le thé. J’ai été intriguée par sa façon de remplir la bouilloire, car elle ne le faisait pas de la même façon que moi. Au moment où je m’apprêtais à lui demander de changer de technique, je me suis rendue compte que ma bouilloire n’avait jamais été aussi remplie… Belle métaphore non ?
Passer de la fermeture à l’ouverture
A l’origine, de par ma personnalité, mais aussi mon éducation¹, j’étais un « cavalier solitaire », j’avais du mal à déléguer, à m’ouvrir aux autres, à inviter les autres dans ma sphère², au sens propre et au sens figuré. Je n’étais pas du tout sociable, voire même auto-centrée et renfermée sur moi. Avec une vision limitée de la vie et un horizon très… horizontal. Aujourd’hui je m’extériorise de plus en plus et je vais plus spontanément vers les autres, par élan naturel ³ mais aussi parce que cela me fait du bien.
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Se frotter à d’autres univers
C’est en se frottant à d’autres univers ¹ que l’on peut grandir, évoluer, s’enrichir d’autres visions, pas en restant dans sa petite bulle, certes confortable, mais étriquée².
Le voyage est une façon de s’ouvrir à d’autres modes de vie, d’autres visions, d’autres façons de penser et de faire ; mais si on n’a pas « l’appel du large », on peut aussi trouver l' »exotisme » juste à côté de chez soi. Personnellement, j’aime beaucoup être initiée à d’autres activités, ou des cultures que je ne connais pas forcément ; tout ne va pas me plaire au final, mais parfois j’intègre au passage à ma vie de nouveaux procédés ou de nouveaux loisirs³.
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Apprendre des autres
Comme dans l’exemple de la bouilloire, aussi anecdotique soit-il, l’autre peut nous apprendre beaucoup. En lui parlant, en l’écoutant, mais aussi en l’observant partager avec nous ses informations, ses compétences, sa philosophie de vie¹.
J’ai remarqué par exemple que ma fille évolue beaucoup à chaque fois qu’elle interagit avec de nouveaux enfants : si elle est plus petite que les autres, les plus grands la stimulent et la font se dépasser ; et si elle est plus grande elle va se poser en « professeur » : montrer ce que l’on a compris permet de bien assimiler les notions, c’est d’ailleurs un principe très repris dans les pédagogies alternatives type Montessori qui insiste sur le mélange des âges². Ou alors, un plus petit déjà avancé sur des sujets qu’elle maîtrise moins va l’inciter à progresser, par fierté « bien placée ». Et ce qui est valable pour nos enfants l’est aussi pour nous bien sûr…
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S’ouvrir à l’inattendu et aux bonnes surprises du hasard
Comme je l’explique dans l’article « Quand un inconnu nous donne des clefs« , rester ouvert permet justement d’être réceptif aux bonnes surprises de la vie. Un inconnu qui nous délivre un message à son insu ¹, un ami qui nous éclaire par une phrase qui nous reste en tête longtemps après, ou même un livre ou un film de hasard qui nous surprend et peut changer notre vie… ou tout simplement notre vision.
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S’ouvrir suffisamment pour accueillir de ce que l’autre peut nous apporter
L’école de commerce que j’ai faite insistait beaucoup sur le travail de groupe, et ce n’était pas mon élément, je n’étais pas à l’aise dans ce format. Mais, avec du recul, je dois bien admettre à quel point le groupe est une force qui peut nous emmener plus loin que la somme des parties. 1+1 ne fait alors pas deux, mais 3, 4 voire 12 !
Pour l’illustrer, j’ai été marquée par cette petite expérience lors d’un atelier de Mandala ¹ fait il y a une quinzaine d’année. Après avoir peint son propre Mandala, puissant outil de connaissance de Soi, l’animatrice nous a invités à réaliser un Mandala à trois. Pour être très honnête avec vous, cela ne m’emballait qu’à moitié, je ne voyais pas trop l’intérêt, toujours avec mon côté « perso », mais je me suis prêtée au jeu. Nous avons discuté, réparti les tâches, défini chacun une zone… En fait, avec du recul, ce n’était pas vraiment collaboratif, juste des travaux juxtaposés. Soudain, alors que nous avions pratiquement fini, une participante d’un autre groupe, qui nous observait, a saisi son pinceau et a commencé à peindre sur notre oeuvre, dans toutes les zones, sans nous prévenir ni nous demander quoi que ce soit. J’ai pris cela comme une véritable agression, un sans-gène sans nom, et l’impression que notre ouvrage était gâché. Et puis… nous avons pris sur nous, fait bonne figure et achevé notre oeuvre. Elle ne ressemblait plus du tout à celle du départ. Mais il faut reconnaître qu’elle avait pris un autre sens, une autre énergie.
L’animatrice, un peu malicieuse, nous a alors demandé comment nous avions vécu cette intrusion… qui était orchestrée par elle-même. Elle voulait nous faire sentir profondément à quel point nous étions restés figés, chacun dans notre bulle, chacun dans notre territoire, sans ouverture. Et il est vrai que le travail a été dynamisé par l’intervention « extérieure » : c’est à ce moment là que nous avons vraiment commencé à unir nos visions, à les mêler, à vraiment collaborer…
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Ne pas avoir de préjugés ou de filtres bloquants
S’ouvrir aux autres, c’est donc enlever ses oeillères, qui limitent tellement notre vision et notre horizon… C’est enlever le filtre de jugement qui se superpose spontanément à tous nos actes. C’est lâcher prise sur une partie de nos automatismes.
J’ai également beaucoup appris à ce sujet en animant dans une autre vie des brainstormings d’entreprise. (un de mes 10 métiers, voir aussi ma page de présentation). La personne qui m’a formée m’avait expliqué à quel point il faut tout noter dans un brainstorming, sans jugement de valeur, sans hiérarchie, sans sélection. Car sinon on risque de perdre des idées qui, même si elles ne paraissent pas pertinentes au premier abord, nous auraient fait rebondir sur d’autres notions, et, surtout, on risque de décourager les personnes dont on n’a pas retenu les idées, et donc se couper d’une partie de la force vive du groupe…
Si nous sommes un bon « récepteur », les autres, en tant qu' »émetteurs », déclencheront parfois des déclics en nous. C’est le fameux « Think outside the box », mais encore faut-il être suffisamment réceptif et ouvert...
Relativiser son point de vue…
Après tout, n’oublions pas que les points de vue sont très relatifs, alors que nous avons souvent une tendance naturelle à ne voir que le nôtre¹… J’adore cette parabole zen :
Passer de l’autre côté.
Il était une fois un jeune homme qui marchait et qui se retrouva soudain au bord d’une large rivière. Il passa un bon moment à se demander comment il pourrait traverser ce cours d’eau agité. Alors qu’il était sur le point de renoncer à poursuivre son voyage, il aperçut son professeur sur l’autre rive. Il lui cria : « Pourriez-vous me dire comment je pourrais passer de l’autre côté ? » Le professeur sourit et lui répondit : « Mon garçon, vous êtes de l’autre côté. »
Récemment, j’ai essayé de changer de point de vue, et de me mettre à la place de l’autre personne dans une situation qui m’affectait. Cette ouverture m’a permis de me dépasser, de mieux comprendre l’ensemble de la situation, et de mieux relativiser les choses… Après tout, « n’oublie jamais que pour les autres tu es un autre. » Gérard Bessette.
Voir aussi ¹ Nos réponses face aux difficultés de la vie
Transmettre l’ouverture aux autres à ses enfants
Aujourd’hui, je fais souvent des invitations spontanées et improvisées ¹, à des personnes proches ou d’autres en devenir… A la sortie d’un restaurant je propose un « after » chez moi, à la sortie de l’école j’invite les petits copains de ma fille « au débotté », mes amis prennent l’habitude de passer à l’improviste et j’adore ça. Cela ne m’arrange pas toujours, mais j’essaie de me rendre disponible et d’être totalement présente à eux en leur présence.
J’ai remarqué que ma fille intègre cette façon de faire, cela devient sa norme, et quand elle joue avec une petite fille rencontrée à la Guinguette elle me demande si l’on peut l’inviter à la maison dans la foulée… Et d’ailleurs pourquoi pas, si j’ai sympathisé avec les parents ! Cette façon de faire est vraiment très éloignée de la façon dont j’ai été élevée, j’ai donc beaucoup de plaisir à voir mon évolution et transmettre cette ouverture nouvelle pour moi à ma fille, juste par « exemplarité » ².
Voir aussi ¹ Tu veux jouer avec moi ? ² Mettre en application ses propres conseils… et ceux des autres
Progresser vers l’ouverture
Aujourd’hui, je continue à m’ouvrir à d’autres visions, même si elles ne sont pas les miennes au départ. J’essaie d’être plus à l’écoute qu’avant, de ne pas toujours savoir ce que je vais dire avant que l’autre ait fini sa phrase… (même si c’est loin d’être encore au point, je coupe encore souvent la parole de mon entourage, mais j’essaie d’être vigilante sur ce point). C’est dans ce cadre que j’ouvre aussi ce blog à d’autres points de vue, attendant avec impatience vos commentaires, mais aussi les articles de mes amis, futurs collaborateurs¹ !
Voir aussi ¹ Et vous, sur quoi écririez-vous ? Oser changer de vie
Et vous ? Etes-vous un émetteur, ou un récepteur (ou les deux ?) Savez-vous vous ouvrir à d’autres univers et mêler vos bulles à celles des autres ?
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