Garder son indépendance d’esprit

« La minorité a ceci de supérieur à la majorité qu’elle comprend un nombre inférieur d’imbéciles. » Léo Campion
Ce matin, je me suis réveillée en pensant à l’info aperçue hier sur internet, le nouveau challenge « à la mode » via Facebook, le « Fire challenge » consistant à s’immoler par le feu (!!!). Cela dépasse tellement mon entendement… Le sujet du grégarisme (cette tendance instinctive qui pousse des individus d’une même espèce à se rassembler et à adopter un même comportement) me touche, et je voulais partager quelques réflexions avec vous à ce sujet
L’effet grégaire de la société
Nous vivons dans une société où nous subissons à notre insu beaucoup d’influences diverses¹, et il me semble que certaines personnes ne prennent pas assez de recul sur leurs motivations. Elles se laissent parfois embarquer dans des actes sans réfléchir à leurs réelles envies, tout simplement « parce que cela se fait », « parce que les autres le font », « parce que je l’ai vu sur internet », « parce que tous mes amis le font », « parce que je l’ai vu à la télé ». Etc. Cet effet est instinctif et a toujours existé ; mais, à notre époque actuelle, cela est bien sûr relayé et amplifié par les médias et les réseaux sociaux².
Voir aussi ¹ Traverser ses peurs ² Savoir, Savoir-faire, Savoir être Se perdre dans les méandres des réseaux sociaux
Nous subissons tous des influences
Les zones d’influences varient selon les groupes sociaux, les tranches d’âges (par exemple l’influence de la télévision semble être en perte de vitesse auprès des jeunes, par opposition à internet). Dans certains groupes, ce seront plutôt les amis qui auront de l’influence, dans d’autres la famille, d’autres encore la télévision, etc. ; mais personne ne semble pouvoir y échapper. Nous sommes des animaux sociaux ¹!
Voir aussi ¹ Les 6+1 critères fondamentaux pour la réussite d’un couple Se cacher pour mieux (?) être aimé La vie est une grande danse qui ne s’arrête jamais
Prendre du recul à bon escient
« Une fois que vous avez réussi à faire rire les gens, ils vous écoutent, et là, vous pouvez leur dire n’importe quoi. » Herb Gardner.
J’ai été frappée un jour en assistant à une conférence : l’assistance était composée de personnes sensées être ouvertes d’esprit dans l’ensemble, et plutôt très éduquée (coachs, thérapeutes, scientifiques). Le conférencier, plutôt jovial et charismatique, avec un CV impressionnant (chercheur au CNRS), tentait de démontrer l’existence de Dieu par l’étude des chiffres dans la bible. Si je ne remets absolument pas en cause ses calculs, je doutais fortement de l’hypothèse de départ, qui cherchait des chiffres cachés dans les paraboles mettant en scène le Christ, attribuant un « point » par personne et un « point » inférieur à un pour les personnes handicapées ! Cela me paraissait absurde, et même discriminant. Or, quelle ne fut ma surprise de voir l’assistance lui faire une standing ovation ! J’ai eu vraiment l’impression d’être au milieu d’une assemblée de moutons, influencée par le charisme du conférencier et ne prenant aucun recul sur le fond de son discours.
De même, j’ai toujours été fascinée par le charisme des leaders politiques, qui arrivent à influencer et porter une foule au délire, juste par la force de leur discours … avec les excès monstrueux que cela peut induire, juste par l’influence d’une seule personne . C’est vertigineux.
Savoir dire non malgré la pression des autres et du groupe
A titre beaucoup plus anecdotique, j’ai été marquée par ce souvenir de jeunesse : dans mon école de commerce les soirées étaient plutôt sages. Lors de la dernière, comme si c’était « la dernière chance de s’éclater », soudain, en dansant, une fille enlève son t-shirt et se retrouve en soutien-gorge. Amusée, une de ses amies fait de même. Puis une deuxième, une troisième… toutes les autres suivent. Interloquée, je sens l’énergie du groupe changer et voit que cela devient « la norme », que même celles qui n’en avaient pas envie, se sentant en minorité, le font aussi, mal à l’aise sous le couvert du rire et de la danse. Au final, j’étais la seule à ne pas le faire¹. Pourquoi ? Tout simplement parce que je trouvais cela stupide, et que je n’en avais pas envie. Mais j’ai vraiment sentie l’effet du groupe ce soir là, l’effet grégaire, et comment on peut soudain se sentir seul et en minorité en ne suivant pas les autres par mimétisme.
Voir aussi ¹ Rester centré
Maintenir le cap et rester en cohérence avec soi-même
C’est bien sûr une anecdote en apparence superficielle, mais cela invite à une réflexion plus générale ; et à toujours s’interroger sur nos motivations. Sont-elles guidées par notre bon sens, nos convictions profondes et notre « âme », ou par notre entourage ou la société ¹?
Dans un monde où l’on se sent en minorité de par certaines convictions intimes, il est parfois difficile de garder le cap et « rester droit dans ses bottes ». Je prend l’exemple du végétarisme,² qu’il me faut toujours justifier auprès de mon entourage ; mais ce n’est pas parce que l’on est en minorité que l’on doit abandonner ses convictions³ et changer d’avis. Je ne dis pas que j’ai raison parce que je le pense ; je demande juste à pouvoir aller jusqu’au bout de ma pensée et maintenir le cap malgré la pression extérieure.
L’archétype du héros qui agit selon sa conscience et garde son indépendance d’esprit envers et contre tous, c’est bien sûr Cyrano de Bergerac… Je vous invite à relire cette magnifique pièce épique.
» (…) Il a vécu sans pactes,
Libre dans sa pensée autant que dans ses actes … »
Voir aussi ¹ Participer au ré-enchantement du monde ² Mais qu’est-ce qui t’est arrivé ?!! Le jour où j’ai décidé de devenir végétarienne La vérité sort de la bouche des enfants… ³ Agir selon sa conscience… c’est plus simple !
Les autres nous influencent à notre insu
Il me semble que personne n’échappe aux influences, car cela se joue souvent à des niveaux inconscients. De nombreuses études soulignent par exemple à quel point notre entourage quotidien nous influence à notre insu ¹ : ainsi, on a statistiquement plus de chances d’être heureux si notre entourage l’est, de divorcer si l’on est entouré de personnes qui se séparent, de grossir si nos proches sont en surpoids, etc…
Voir aussi ¹ Comme un jeu de cartes…
Etre vigilant sur son entourage
Je ne vous dis pas de renier tous vos proches selon ces critères… ! Mais d’avoir conscience de ces influences subtiles, et d’être vigilants sur votre entourage… Petit à petit, se rapprocher des personnes qui correspondent à votre nouvel état d’esprit, par exemple, si c’est ce que vous recherchez, des personnes optimistes, lumineuses, rayonnantes, plutôt que des personnes qui vous tirent systématiquement vers le bas… Si vous rencontrez de nouvelles personnes, interrogez votre petite voix intérieure ¹ et demandez-vous si elles ont une bonne influence sur vous, si elles vous correspondent. Il ne s’agit pas d’avoir une logique « utilitariste » et de s’entourer uniquement de personnes pour ce qu’elles nous apportent ; mais d’être vigilants sur les énergies dégagées et sentir si leur proximité a un effet positif ² ou, au contraire, négatif sur nous.
Voir aussi ¹ Ecouter son corps pour suivre son guide intérieur ² De l’excès à l’équilibre
Et vous, savez-vous garder votre indépendance d’esprit ou vous sentez-vous influençable ? Etes-vous conscient de l’influence qu’ont les autres sur vous ? Vous entourez-vous des bonnes personnes pour vous et votre évolution ?
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