Vers l'équilibre…

Kintsugi, l’art de la résilience

un bol Kintsugi noir avec des cicatrices dorées rectilignes pour illustrer la résilience

« Plus beau, plus fort, plus précieux… d’avoir été brisé. »
Céline Santini

Brisée en mille morceaux

14 janvier 2017… Je suis en train d’allaiter mon bébé, quand tout devient, en une fraction de seconde, une évidence : nous allons nous séparer. C’est mon deuxième bébé… et c’est mon deuxième divorce. La première fois aussi, j’avais eu une révélation au moment même où j’allaitais mon enfant… Peut-être que ce serait l’occasion de m’interroger sur les schémas que je répète ? Mais un peu plus tard. Car là, j’essaie juste de survivre. Je me sens fracassée sur le sol, en mille morceaux.

29 janvier 2017 : le divorce est acté. Je m’échappe, j’ai droit à une heure de liberté. Je vais au plus près : le café de la gare. Je m’offre un magazine que je n’achète jamais d’habitude, car s’étale en lettres de feu sur la couverture : « comment réussir son divorce » ( !)

Une révélation qui change ma vie

Et là… tout change, et tout se met en place. Toutes les pièces de mon puzzle. L’article évoque l’art du Kintsugi, cet art de la fissure dorée. Intriguée, en rentrant je tape sur internet ce mot nouveau, et voici le visuel qui jaillit : un bol réparé d’or et de lumière. Un puzzle en 3D, reconstitué, soigné, pansé, transmuté :  de faille en force.

un bol bleu avec des cicatrices dorées de kintsugi

Je comprend intuitivement que ce n’est pas qu’un bol, ni même seulement une œuvre d’art… C’est tout simplement mon portrait craché ! Le parcours de ma vie affleure le long de ces lignes dorées.  Je comprends en un instant que, moi aussi, je suis un Kintsugi. Par le passé, j’ai survécu à d’autres traumatismes : le divorce de mes parents quand j’avais 4 ans, mon strabisme, l’alcoolisme de ma mère qui a « bercé » mon enfance, mon divorce après 10 ans d’une union (vraiment ?) sans faille, le suicide de ma mère et le traumatisme de l’avoir découvert moi-même…

Un message de résilience

Et pourtant, malgré tout, j’y croyais encore. J’avais mis tout mon élan et tout mon cœur dans cette nouvelle relation. 4 mois après la naissance de notre enfant, un constat d’échec… Ma vie est faite de mille tessons. Et mille fois, je me suis reconstruite. Je découvre que je suis un Kintsugi vivant, balafré et cicatrisé. Et ce jour-là, je comprends qu’il est temps de rassembler mes morceaux, les penser et les panser, et mettre de l’or sur mes blessures.

Ce Kintsugi que je contemple, il me donne de l’espoir. Il me rappelle que je suis faite de failles et de force, une résiliente dans l’âme. Et qu’une fois de plus, sans savoir encore ni comment, ni en combien de temps, je m’en sortirai. Et j’en sortirai grandie. Plus belle, plus forte, plus précieuse… D’avoir été brisée.

femme tenant devant elle une oeuvre noir et or en collage qui représente un kintsugi stylisé

Mettre les mains dans l’or et la laque

Alors je décide de réaliser le kintsugi qui va représenter ma vie, et me donner une direction. Je caresse tout d’abord l’idée de recycler l’or fondu de nos alliances, sans connaître à l’époque la technique réelle de cet art si inspirant et si sublime. Alors, je me renseigne, je cherche à me former. En 2017, rien n’existe en France, il faut aller au Japon ! Je trouve un maître kintsugi américain qui vit là-bas et propose des tutoriels.

un bol blanc avec des cicatrices dorées de kintsugi

Je découvre les différentes étapes, et je comprends que réaliser ce Kintsugi, cela ne va pas être aussi simple et rapide que je le souhaite ! C’est un voyage intérieur qui commence, et m’oblige à accepter de patienter, moi dont ce n’est pas la qualité première…

Accepter de lâcher prise

En parallèle, un livre se « télécharge » en moi. Je sens qu’il faut que je raconte mon histoire, et ce parcours initiatique, étape par étape. Le projet est presque validé avec ma maison d’édition. Et puis, soudain, il s’arrête. Plus aucune nouvelle. Alors, en attendant, je le fais enfin, ce fameux Kintsugi. De la théorie que j’avais bien comprise, je passe enfin à la pratique. Et quand j’ai fini cette initiation, deux mois plus tard, et que j’ai expérimenté chaque étape et chaque geste, alors, comme par hasard, le projet de livre se débloque, et le feu vert est lancé pour l’écriture. La vie est décidement bien faite : cette fois, je sais vraiment de quoi je parle…

Le fil d’or des 6 étapes du Kintsugi

Le fil conducteur s’impose de lui-même : ce sont bien sûr les 6 étapes de la réalisation d’un Kintsugi, qui vont servir de « fil rouge ». Depuis j’ai appris qu’en anglais on ne dit pas « fil rouge » :  « red thread », mais « golden thread »… Le Kintsugi devient le fil doré de ma vie.

> Retrouvez toutes les étapes du Kintsugi expliquées dans cette conférence TEDX

Céline Santini tenant un bol Kintsugi pour parler de résilience lors d'une conférence TEDx

Etape 1 : Briser

Ce moment où, comme je l’ai si souvent vécu, on se sent fracassé, en mille morceaux. C’est le choc, celui qui va déterminer la nouvelle direction que va prendre notre vie, même si on ne le sait pas encore. A cette étape, on n’a aucune visibilité, aucun espoir… Et c’est bien là que la métaphore du Kintsugi peut être salvatrice, car elle incite à visualiser la suite, et à prendre une décision : jeter les morceaux ? Décider de les recoller, en cachant tant bien que mal les fractures ? Ou bien choisir la troisième voie, assumée, celle du Kintsugi ?  Cette étape invite à se poser cette question : est-ce que je me choisis en conscience ? Est-ce que, moi aussi, je mérite de mettre de l’or sur mes blessures ?

Etape 2 : Assembler

C’est le moment où on fait un état des lieux de la situation. En ramasse les morceaux, on évalue les dégats, on observe les manques et les pleins, les ressources dont on dispose, et tout ce qui est réduit en poussière. En nettoyant et en positionnant chaque tesson, on se projete dans l’avenir. Parfois, il y a un manque à combler. C’est important, de savoir identifier ce dont on a vraiment besoin. Le puzzle en 3D commence à prendre forme, chaque tesson étant recollé avec le Sabi, un mélange de farine et de laque. Des bourrelets malhabiles dépassent. L’objet est reconstitué, mais il est convalescent. Il faut maintenant laisser la réparation se consolider. La question principale à cette étape que le Kintsugi invite à se poser c’est : quels sont mes manques, mes besoins, et mes ressources ? Sur quoi je peux m’appuyer ?

Etape 3 : Patienter

L’objet, défiguré de cicatrices en relief, et pourtant déjà sur la voie de la guérison, est délicatement posé dans une boîte, le « muro » japonais, pour y faire sa convalescence. La laque qui a servi à recoller les morceaux a la particularité de sécher au fil du temps et de continuer à se renforcer au cours des années. Un Kintsugi sera ainsi de plus en plus solide au fur et à mesure. Quelle jolie métaphore de la vie ! Parfois, on a envie, à cette étape, d’accélérer la guérison, pour passer directement à la suite. Vite, vite, je veux mettre de l’or sur mes blessures ! Mais le Kintsugi appelle à la patience : enlever trop tôt un plâtre, ce serait prendre le risque de fragiliser la consolidation. Le Kintsugi invite à lâcher prise sur l’envie d’obtenir un résultat immédiat. Et ce n’est pas toujours si facile… Il pose la question suivante : est-ce que j’ai tendance à trop me précipiter ? Est-ce que je sais prendre le temps dans ma vie de me recentrer régulièrement ?

Etape 4 : Nettoyer

Sorti de sa boîte, l’objet est désormais cicatrisé. Ses failles sont autant de blessures de guerre. Elles racontent le parcours accidenté qu’il a vécu. Le sabi déborde, mais il est désormais sec : il est temps de le poncer. Chaque ligne s’adoucit, l’objet est nettoyé, et bientôt il est entier, souligné fièrement de balafres marrons qui racontent toute sa vie. Ce n’est pas encore glorieux, ce n’est pas encore étincelant, mais c’est là. L’objet a enfin retrouvé son unité. Puis chaque ligne de faille est ensuite soulignée d’un fin trait de laque noire qui permet de sceller la réparation en l’étanchéisant, puis l’objet est remis à sécher dans le muro. Chaque ligne est désormais d’un noir profond, qui symbolise ce qu’on doit protéger en nous, mais peut aussi évoquer notre part d’ombre, celle dont Jung a tant parlé, que nous commençons enfin à voir et à intégrer au lieu de la cacher. Et les questions qui se posent à cette étape, c’est : de quoi ai-je besoin de me délester ? Qu’est-ce qui m’empêche d’avancer, de retrouver mon unité originelle ? De quoi ai-je besoin de me protéger ?

Etape 5 : Illuminer

Chaque ligne noire est ensuite soulignée d’un fin trait de laque rouge. L’objet retrouve un souffle de vie, comme si le sang circulait à nouveau dans ses veines. Il est à nouveau entier, et désormais il est à nouveau vivant et vibrant. Cette fois, l’objet n’est pas remis à sécher, car c’est sur la laque rouge encore humide que l’on va saupoudrer l’or. Car oui, contrairement à ce que j’avais cru en contemplant mon premier Kintsugi ce jour où ma vie avait basculé, ce n’est pas de l’or fondu qui est versé sur les cicatrices : c’est de l’or en poudre qui s’immisce et fusionne avec la laque rouge pour recréer l’illusion d’une coulée d’or. Le Kintsugi étincelle enfin, il brille de toute la force de sa résilience. Il assume son histoire, son parcours, ses accidents de vie, et se montre tel qu’il est… Mais sublimé de tout ce qui lui est arrivé. Fier de ses cicatrices. La question évoquée à cette étape, c’est : en quoi vos failles peuvent aussi, paradoxalement, être inspirantes ? Comment vos épreuves ont pu vous renforcer ? Y-a-t-il un cadeau caché  derrnière vos traumatismes ?

Etape 6 : Sublimer

Je croyais que le parcours s’arrêtait là… Mais c’était oublier que les lignes de failles étaient recouvertes d’un métal précieux qui, même réduit en poudre, pouvait être sublimé. En effet, comme tout métal, l’or peut être poli. En choisissant de faire étinceller les cicatrices de l’objet, vous le rendez encore plus beau, encore plus rayonnant. Cette étape symbolise la transmission : l’objet est porteur de cette histoire évoquée plus haut, mais au lieu de la garder pour lui il peut aussi devenir un messager, porteur d’espoir pour tous ceux qui vivent l’étape 1, et se sentent brisés. Le Kintsugi dit : toi aussi, tu seras un jour entier, sublimé, et rayonnant. Garde le cap, tu vas y arriver ! Alors la question qui se pose ici c’est : qu’avez-vous à transmettre ? Quel est votre message d’espoir pour le monde ?

Une vocation est née

Prise dans le tourbillon de la vie et le succès de mon livre « Kintsugi, l’art de la résilience » qui m’a emmenée donner des conférences à travers le monde, et même jusqu’en centre de détention, je n’avais pas repris la « plume » ici depuis… 10 ans. Aujourd’hui, j’avais envie de vous partager mon histoire, mais aussi vous faire connaitre cette métaphore si inspirante.

Et vous, à quelle étape en êtes-vous aujourd’hui ? Vous sentez-vous « Kintsugi » ? Et si vous réalisiez le Kintsugi qui vous représente ?

Pour aller plus loin

Si vous me découvrez, je suis Céline Santini, autrice et conférencière internationale. Le Kintsugi, cet art qui sublime d’or les failles d’un objet brisé, est au cœur de ma vie et de mon travail. J’invite chacun, que ce soit à travers des conférences, ou des ateliers immersif autour de la symbolique du Kintsugi, à transformer ses failles en force, à retrouver confiance, et à rayonner. Et si vous mettiez de l’or sur vos blessures ?

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DE LIGNES DE FAILLE, EN LIGNES DE FORCE

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