Avez-vous quelque chose à déclarer ?

« Engagez-vous, rengagez-vous qu’ils disaient… » Astérix, Goscinny
Hier, j’expliquais à une amie à quel point ce blog me permettait d’avancer vers une connaissance plus profonde de moi, mais aussi de progresser : prise de bonnes habitudes, changement de comportement, meilleure gestion des émotions, épuration de certaines croyances, etc. Le fait d’écrire certaines pensées « noir sur blanc » m’engage.
C’est le principe de la déclaration. Les mots, le langage, ont en effet un réel pouvoir, dont je voudrais vous parler aujourd’hui.
Le langage de création
Cet acte de langage s’appelle la « déclaration » ; il implique ce qui peut ou va être. C’est ce qui nous est raconté dans la Genèse : » Que la lumière soit, et la lumière fut. » Je déclare ce qui est maintenant et sera dans l’avenir. Ainsi les déclarations initient la création délibérée d’une nouvelle réalité. » Maud Séjournant, La spirale initiatique.
Communiquer, ce n’est pas un acte si anodin. Attention aux bavardages intempestifs… Et si nous étions plus attentifs au quotidien à ce que nous exprimons? Car parler, ou écrire, c’est aussi donner une réalité à une pensée. En quelque sorte la « figer. » La rendre concrète. Vivante. Lui donner forme. Et lui donner une valeur.
Parler ou écrire, c’est voir, et s’engager
Une amie me disait qu’elle avait fait l’exercice « La liste de ses certitudes » que je décris dans l’article « Faire son bilan de l’année« . Au départ elle s’était un peu « forcée », ne voyant pas tellement l’intérêt. Mais cela lui a fait un déclic : elle a vu, elle s’est vue. Du fait de l’écrire, c’était comme si elle voyait d’un seul coup d’oeil tout son chemin passé et à venir. Une déclaration de son histoire, de qui elle est vraiment, à l’instant T. Et le fait d’exprimer ses pensées les plus enfouies l’a en quelque sorte engagée : elle a noté ce qu’elle était au plus profond d’elle-même, ce qui lui permet de garder un cap…
Les amis qui travaillent sur un article pour le blog ¹ ou qui en ont déjà écrit un me disent la même chose, que le fait d’écrire permet non seulement de clarifier ses pensées, mais aussi de faire une déclaration aux autres, et surtout à soi-même. Un peu comme une signature au bas d’un document officiel.
Les phrases qui restent, qui sont « fondatrices » pour nous ou pour les autres, peuvent naître aussi bien à l’écrit ² qu’à l’oral. Parfois, c’est une conversation qui va nous faire déclic, on parle avec un ami et le fait de lui avoir dit quelque chose d’important pour nous (« Cette fois, je m’y mets / j’arrête ») nous engage…
Voir aussi ¹ Et vous sur quoi écririez-vous ? ² Aujourd’hui j’ai reçu une lettre… Les paroles s’envolent, les écrits restent… Prendre de bonnes habitudes
Faire une déclaration
Je ne parle pas ici de déclaration dans le sens usuel « déclaration d’amour ¹ « . Mais plutôt dans le sens de poser des mots pour s’engager de façon officielle vers une voie. Une déclaration dans le sens « annoncer solennellement quelque chose. » Ce n’est pas anodin, ce n’est pas « en l’air ».
D’ailleurs, le pouvoir des mots est tel qu’il faut bien réfléchir avant de faire une déclaration… d’amour, justement. Une amie me racontait que son copain lui avait dit spontanément » Je t’aime ». Le lendemain, il avait rompu avec elle par SMS sans explication, lui disant qu’il ne voulait plus jamais la revoir… Peut-être que les mots qu’il avait exprimés « à son insu » rendaient concret un engagement qui lui faisait peur ?
Voir aussi ¹ Se faire une déclaration d’amour
Déclarer, pour se libérer
Parfois, les non-dits ¹ nous étouffent… Faire une déclaration, parfois c’est aussi se soulager d’un poids, dire l’essentiel, dire sa Vérité, libérer sa conscience. Pour pouvoir enfin avancer.
« ROXANE
Eh bien ! Si ce moment est venu pour nous deux,
Quels mots me direz-vous ?
CYRANO
Tous ceux, tous ceux, tous ceux
Qui me viendront, je vais vous les jeter, en touffe,
Sans les mettre en bouquets : je vous aime, j’étouffe,
Je t’aime, je suis fou, je n’en peux plus, c’est trop ;
Ton nom est dans mon coeur comme dans un grelot,
Et comme tout le temps, Roxane, je frissonne,
Tout le temps, le grelot s’agite, et le nom sonne ! »
Cyrano de Bergerac, scène du balcon
Voir aussi ¹ Dire l’essentiel à nos proches
Souligner la force de la déclaration par le contexte
Le contexte d’une déclaration peut amplifier son impact : ainsi, une déclaration « devant témoin » peut être d’autant plus solennelle. C’est d’ailleurs le sens profond de la cérémonie de mariage… Certaines étapes de vie nécessitent des déclarations pour être actées. Cela leur donne une valeur. Les cérémonies sont souvent une façon de le ritualiser, devant un entourage choisi, et avec des gestes symboliques.
Ainsi, quand nous voulons ancrer une nouvelle habitude, ou passer à une nouvelle étape de notre vie, nous « marquons le coup » en le ritualisant : ce n’est qu’une façon de souligner l’importance de la déclaration… « Il peut être aussi crucial d’apporter une dimension sacrée aux déclarations que nous faisons, notamment celles qui concernent notre vie personnelle. Et pour cela, un rituel ou une cérémonie sont des aides fondamentales surtout s’il y a des témoins de notre parole. C’est véritablement dans la déclaration que l’on peut reconnaître le pouvoir divin que nous procure cet instrument si proche, si simple, si évident qu’est la parole. » Maud Séjournant, La spirale initiatique.
Par exemple, à des moments-clef, il peut être intéressant de publier sur un blog une bonne résolution¹, de célébrer officiellement un succès ², de renouveler des voeux de mariage à une étape clef de sa vie de couple, de fêter un anniversaire important, de faire un discours, etc.
Voir aussi ¹ La bonne résolution la plus importante de votre vie ² Le pouvoir de l’apéro
Attention à ce que nous exprimons
Soyons attentifs à nos mots, car de pensées fugitives elles peuvent prendre racine. Parfois, nous faisons à notre insu des déclarations qui restent gravées.
C’est ainsi que se forgent certaines croyances dont il est si difficile parfois de se défaire, par une parole qui a été exprimée. De façon récurrente, régulière. Ou, parfois, une seule fois, une phrase fondatrice qui reste ancrée dans le souvenir…
- Envers soi-même ¹ : « je ne suis pas sportif / je n’aime pas faire la cuisine / je n’y arriverai jamais »
- Envers les autres : « tu es un bon à rien / tu n’aimes rien / tu es paresseux »
- Ou en parlant des autres devant eux : « elle n’est pas dégourdie / elle est colérique / il est lent / il est gourmand «
Voir aussi ¹ Se surprendre soi-même
Engagez-vous, rengagez-vous qu’ils disaient…
Attention au pouvoir des mots… Alors, essayons de parler plus souvent « en conscience« , d’être attentif au choix de nos mots (par exemple essayer d’éviter les formules négatives) et de nos expressions, de faire attention aux paroles blessantes, aux « paroles qui tuent »…
» Roxane
Je vous parle, en effet, d’une vraie altitude !
Cyrano
Certes, et vous me tueriez si de cette hauteur
Vous me laissiez tomber un mot dur sur le coeur ! »
Scène du balcon, Cyrano de Bergerac
Et, quand nous souhaitons progresser, alors nous pouvons « poser un acte » par une parole, écrite ou orale, qui nous engage. Nous faire à nous-même et au monde une déclaration.
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