« Mais qu’est-ce qui t’est arrivé ??! » Le jour où j’ai décidé de devenir végétarienne

« Rien ne pourra être plus bénéfique à la santé humaine ni accroître les chances de survie de la vie sur la Terre, qu’une évolution vers un régime végétarien. » Einstein
L’autre jour, je discutais avec la cousine d’un ami, qui ne me connaissait pas. Apprenant que j’étais végétarienne, elle a eu une réaction spontanée, un « cri du coeur » : « Mais qu’est-ce qui t’est arrivé ??! ». Comme elle l’aurait demandé à un grand blessé, ou à quelqu’un qui se serait retrouvé interné à l’hôpital psychiatrique… elle avait l’air sincèrement désolée pour moi et presque affolée, se demandant ce qui avait bien pu me passer par la tête ! Comme je suis régulièrement confrontée à ce genre de situation, je vais donc vous expliquer « ce qui m’est arrivé ».
Une progression vers le végétarisme
Il y a encore 5 ans, je ne m’intéressais pas à la question. Je trouvais moi aussi les végétariens « exotiques » et je n’aurais pas eu l’idée de remettre en question l’idée de manger des animaux.
Voici les différentes étapes qui ont commencé à faire sens pour moi, pour vous montrer qu’il s’agit d’une démarche complète et progressive, s’inscrivant dans un contexte plus global d’évolution de conscience¹.
Voir aussi ¹ De l’excès à l’équilibre « L’effet cocktail » de son développement personnel
La question du respect de la Vie en général
Habitant à la campagne, j’ai progressivement commencé à « épargner » la vie des petits insectes qui me tournaient autour, préférant les relâcher dans la nature plutôt que de les tuer. J’ai commencé à être sensibilisée au respect de la Vie sous toutes ses formes.
Une alimentation vivante et un respect des animaux
Sensibilisé à la question de l’alimentation saine et vivante et au lien étroit qui existe entre la santé et la façon de se nourrir, et m’intéressant de près aux écrits du merveilleux docteur Kousmine, j’ai changé progressivement de mode alimentaire (on dit qu’il faut environ 3 ans pour réformer complètement sa façon de manger), passant progressivement d’une nourriture industrielle et préparée à une alimentation plus intégrale, bio et végétale ; je me suis alors inscrite à une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), et j’ai eu l’occasion de visiter des élevages d’animaux (poulets, cochons) respectueux… ce qui m’a amené à me poser la question des conditions de « vie » des autres animaux que je mangeais¹…
Voir aussi ¹ Reprendre contact avec la nature S’interroger sur ce qu’il y a dans notre assiette
Végétarisme et développement de la conscience
Sans m’en rendre compte, en quelques années j’ai réduit ma consommation de viande, sans pour autant penser une seule seconde à être végétarienne. En parallèle, tout le développement personnel que j’ai effectué ces dernières années m’a amené à me poser des questions sur la Vie, et probablement à élargir ma conscience¹. Je me posais de plus en plus la question de ce qui était Juste pour moi… et pour les autres, donc pour la planète. C’est un cheminement long et très progressif. Mais à un moment, on regarde vers l’arrière et on mesure tout le chemin parcouru²…
Voir aussi ¹ La thérapie de l’hibernation ² Plusieurs étapes de l’évolution de la Conscience Se surprendre soi-même
L’antispécisme, ou pourquoi un cheval serait supérieur à un agneau ?
J’ai alors commencé à réfléchir au concept du spécisme (voir le lien Wipipédia pour plus de détail : on appelle spécisme la discrimination fondée sur le critère d’espèce. Le spécisme conduit à accorder moins d’importance aux intérêts des animaux non humains par rapport à ceux des humains) et à ses excès, étant de plus en plus convaincue que l’homme n’est pas supérieur à d’autres formes de vie. Plus fort, le cerveau plus développé, plus équipé, sans doute, mais pas « mieux » ou « moins bien ».
Dans le même ordre d’idée, j’ai commencé à trouver curieux de s’apitoyer sur une biche ou un lapin mais pas un poulet. Quelle est la différence ? Sous le prétexte qu’il est plus « mignon », ou qu’on s’en sent plus proche, la plupart des gens hésiteront à manger du cheval ou bien sûr du chat, mais mangeront de l’agneau ou du veau sans se poser de questions. De même, je m’interroge sur les végétariens qui mangent du poisson, sous le prétexte qu’un poisson ne parle pas et n’est pas très expressif… Je suis loin d’être parfaite mais j’essaie d’être vigilante sur ma cohérence¹.
Voir aussi ¹ Re) Trouver sa vocation
Mon déclic, le jour où je suis devenue végétarienne
Et puis, il y a deux ans, un déclic s’est produit : je suis allée voir le film contemplatif et poignant « Samsara« , un film qui fait réfléchir sur notre place dans le monde, sur l’humanité dans sa splendeur et dans ses excès.
Et puis j’ai vu cette scène, et le lendemain j’ai décidé d’être végétarienne.
La scène ci-dessus est tirée du film « Baraka » du même auteur, mais est exactement dans le même esprit que la scène qui m’a fait réagir.
Devenir végétarien quand cela nous semble juste
Je ne mangeais déjà presque plus de viande, alors je me suis rendue compte que le passage à l’acte serait facile. Et il l’a été : comme cette décision est alignée avec mes convictions¹, cela s’est fait instantanément, instinctivement, sans aucune question ni difficulté. J’étais prête.
Depuis, je n’ai plus mangé une seule fois de la viande, du poisson ou des fruits de mer. Je ne suis pas encore végétalienne (suppression des produits laitiers et des oeufs) ni vegan (suppression des « dérivés » de l’exploitation animale comme le cuir, la laine, la soie) car je préfère bien ancrer les choses afin de les tenir à long terme. Mais je tends vers cette philosophie².
Le « pire », c’est que j’aime beaucoup le goût de la viande ! Je me repose régulièrement la question : « ai-je envie de manger de la viande ou du poisson ? « , comme par exemple hier en lisant la critique d’un restaurant où ils décrivaient un excellent tartare au couteau… J’en salivais presque… mais après vérification « intérieure », cela ne me correspond plus³.
Voir aussi ¹ Agir selon sa conscience… c’est plus simple Passez à l’action… quelle qu’elle soit Faire son bilan de l’année ² Mettre en application ses propres conseils… Et ceux des autres ³ Joyeuses (?) fêtes !
Informer en montrant l’exemple
Chacun fait comme il veut, en fonction de ses convictions, ses contraintes, son évolution et son mode de vie, et je ne cherche jamais à convaincre mon entourage de devenir végétarien¹. Cependant, je peux vous dire pourquoi, moi, je le suis².
Voir aussi ¹ Les 6 (+1) critères fondamentaux pour la réussite d’un couple ² Etre consommateur ou consomm’acteur
Manger moins de viande pour une meilleure santé
Beaucoup d’études scientifiques le confirment, un excès de consommation de protéines animales semblerait être nocif pour la santé : si l’équilibre alimentaire est bien mené (en associant par exemple légumineuses et céréales en remplacement des protéines animales, renseignez-vous sur le sujet), une alimentation végétarienne serait même meilleure pour la santé¹. (
Voir aussi ¹ La check-list pour une vie équilibrée
Manger moins de viande par respect pour l’environnement
Beaucoup d’auteurs l’ont résumé avec force chiffres et talent aussi je ne vais pas refaire tout un article sur le sujet, mais on dit souvent que devenir végétarien est probablement un des gestes au meilleur rapport efficacité / simplicité quand on pense au bien-être de la planète, une des meilleures façons de diminuer son empreinte écologique, et j’en suis convaincue : les chiffres du nombre de litres d’eau et de tonnes de céréales pour obtenir un kilo de viande sont édifiants par exemple. (de 7 à 16 kg de céréales ou de produits végétaux sont nécessaires pour produire 1 kg de viande. Il faut 15.000 litres d’eau pour faire 1 kg de viande de boeuf et 800 litres d’eau pour 1 kg de blé, etc.)
Manger moins de viande par conscience
Après vérification et beaucoup de recherches et de lectures sur le sujet, je pense que l’homme peut, contrairement à ce qui est souvent indiqué, se passer de protéines animales. (sauf apparemment pour la vitamine B12, mais c’est une autre histoire et il y a des solutions…)
Pourquoi alors cautionner la torture animale par le biais des élevages en batterie et abattoirs aux conditions effroyables ? Bien sûr, c’est différent dans le cas d’un élevage « à l’ancienne » dans le respect des animaux, mais le problème est qu’il est de plus en plus difficile d’avoir accès à l’information sur la provenance et les conditions de vie des animaux que nous mangeons.
Pythagore est considéré comme le premier végétarien … Voici un passage très intéressant des Métamorphoses, d’Ovide, qui reste tout à fait moderne et d’actualité ! « Le premier [Pythagore], il fit un crime à l’homme de charger sa table de la chair des animaux ; le premier, il fit entendre ces sublimes leçons qui ne furent pourtant pas écoutées : « Cessez, mortels, de vous souiller de mets abominables ! Vous avez les moissons ; vous avez les fruits dont le poids incline les rameaux vers la terre, les raisins suspendus à la vigne, les plantes savoureuses et celles dont le feu peut adoucir les sucs et amollir le tissu ; vous avez le lait des troupeaux, et le miel parfumé de thym ; la terre vous prodigue ses trésors, des mets innocents et purs, qui ne sont pas achetés par le meurtre et le sang. (…) Chose horrible ! des entrailles engloutir des entrailles, un corps s’engraisser d’un autre corps, un être animé vivre de la mort d’un être animé comme lui ! Quoi ! au milieu des richesses que la terre, cette mère bienfaisante, produit pour nos besoins, tu n’aimes qu’à déchirer d’une dent cruelle des chairs palpitantes ; tu renouvelles les goûts barbares du Cyclope, et, sans la destruction d’un être, tu ne peux assouvir les appétits déréglés d’un estomac vorace ! Mais dans cet âge antique dont nous avons fait l’âge d’or, l’homme était riche et heureux avec les fruits des arbres et les plantes de la terre ; le sang ne souillait pas sa bouche. Alors l’oiseau pouvait, sans péril, se jouer dans les airs ; le lièvre courait hardiment dans la campagne ; le poisson crédule ne venait pas se suspendre à l’hameçon. Point d’ennemis, nuls pièges à redouter ; mais une paix profonde. Maudit soit celui qui, le premier, dédaigna la frugalité de cet âge, et dont le ventre avide engloutit des mets vivants ! il a ouvert le chemin au crime »
Et pour compléter, voici une petite vidéo, du point de vue d’un enfant de 3 ans¹…
Voir aussi ¹ La vérité sort de la bouche des enfants…
La société évolue, doucement mais sûrement
Parfois je me sens très seule quand j’annonce que je suis végétarienne et que je passe, une fois de plus, pour une « bête curieuse » qui doit justifier ses choix et répondre aux vieux arguments rabâchés du cri de la carotte, etc¹.
Mais, depuis deux ans, j’ai vraiment l’impression que les choses ont déjà évolué : de plus en plus de personnes sont végétariennes dans mon entourage, ou me disent avoir ralenti leur consommation de protéines animales. Et on me demande de moins en moins d’expliquer mon mode de vie. Et quelques petits signes me paraissent encourageants, comme hier quand, dans la petite ville de province de Blois, j’ai trouvé dans un restaurant un buffet qui indiquait : « un bol de légumes et un bol de viande, ou deux bols de légumes pour les végétariens« . Les choses avancent, doucement mais sûrement !
Voir aussi ¹ Garder son indépendance d’esprit
Quelques ressources sur le végétarisme pour approfondir
Pour approfondir, je vous invite également à lire l’excellent article de Léo Babauta sur le végétarisme qui résume très bien mon mode de pensée.
Je vous mets également le lien vers le court-métrage de Maxime Ginolin, le Jugement, qui est très bien fait :
Je vous invite aussi à consulter le blog de Laura Marie qui fait beaucoup évoluer les consciences sur le sujet du respect des animaux et du végétarisme.
Mais pour finir sur une petite note légère et humoristique je vous mets aussi en lien ce petit résumé du vieux débat entre végétariens et non-végétariens (qui au passage vous éclairera sur la vitamine B12…) trouvé sur le blog insolente-veggie.com
Et vous, avez-vous déjà réfléchi à ces questions ? Pensez-vous qu’un agneau et un cheval soient si différents ? Et si vous réduisiez votre part de viande dans votre alimentation, ou vous vous renseigniez sur la provenance et les conditions d’élevage de votre achats ?
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