Vers l'équilibre…

Etes-vous plutôt lièvre ou tortue ? Deux méthodes différentes pour avancer dans la vie

certaines personnes avancent régulièrement, à leur rythme, alors que d'autres personnes ont besoin d'un déclic soudain

« Une fois que ma décision est prise, j’hésite lentement. » Jules Renard

Hier soir, je discutais avec un couple d’amis qui me décrivaient chacun un processus de prise de décision et de façon d’avancer dans la vie différent, voire radicalement opposé.

Méthode n°1 « rationnelle » 

Mon ami expliquait que quand il prend une décision, il ne se précipite pas : il a un but en tête mais prend le temps de peser le pour et le contre, de prendre en compte tous les éléments, de se renseigner, de préparer le terrain. Puis, quand tout est paré, il passe à l’action. Ce qui semble plutôt logique et rationnel en effet. Un peu comme la tortue de la fable qui avance, régulièrement, doucement, mais sûrement.

Méthode n°2 « déclic » 

A l’inverse, mon amie fonctionne sur un mode très intuitif : elle va bloquer sur une situation pendant quelque temps ; mais, soudain, elle a un déclic, et prend immédiatement une action en fonction. Elle avance alors très vite, car elle « sent » que c’est juste pour elle. Elle n’a pas besoin de passer par les étapes de préparation de son conjoint, qui est assez effaré car il la trouve très – et parfois trop- impulsive. D’un seul coup, la tortue complètement inerte et immobile qu’il connaissait bien, qui n’avait même pas commencé la course, qui était restée sur la ligne de départ, se transforme en lièvre supersonique et franchit la ligne d’arrivée sans préavis !

Mais en creusant un peu la question, nous nous sommes aperçus… que cela revenait au même !

La face cachée / la face visible de l’iceberg

Dans le cas n°1, avec une prise de décision ¹ lente, pondérée, rationnelle, tout le processus de réflexion est annoncé, visible, il n’y a pas de surprise : il y a un point de départ, un déroulement, un aboutissement. Tout « l’iceberg » de la pensée est visible.

On peut comprendre que quelqu’un de rationnel, qui réfléchit « dans l’ordre logique des choses », soit effectivement déstabilisé par le cas n°2 : il n’y a alors aucun préavis observable de l’extérieur dans la prise de décisions (même importantes), qui « annulent et remplacent » l’existant sans prévenir… Cela peut donner à l’observateur une impression de bâclage, d’impulsivité, de façon irrationnelle, voire dangereuse, d’agir.

Mais il est probable que dans le cas n°2, la réflexion, bien que cachée, sous-jacente, soit bien présente. L’inconscient est au travail, cherchant une solution, déroulant probablement le même processus de réflexion que dans le cas n°1, mais il « oublie » de l’annoncer officiellement. D’où l’effet de surprise, d’Euréka, de déclic ² qui n’est que la pointe émergée d’un « iceberg » de pensée beaucoup plus profond qu’il n’y paraît. Ce n’est donc pas un procédé aussi impulsif qu’il en donne l’impression.

Par exemple, quand j’ai démissionné (sans filet) de mon travail salarié du jour au lendemain pour créer ma boîte, cela a pu sembler inconsidéré vu de l’extérieur : mais il faut savoir que je voulais être chef d’entreprise depuis que j’avais 12 ans… De même, mon blog a « jailli » en une semaine une fois la décision prise, mais il était en « gestation » depuis au moins 2 ans au fond de moi… J’ai une amie qui fonctionne ainsi : elle a des oeuvres en elle, et son entourage lui demande régulièrement pourquoi elle ne s’y met pas… mais elle sait qu’elle est « en travail« … Elle n’aura plus qu’à les poser sur le papier quand elle sera prête, et cela ira très vite à ce moment-là.

Voir aussi  ¹ Prendre le temps de prendre la bonne décision      ² Oser changer de vie      Le bon moment c’est maintenant

Deux méthodes différentes, un même résultat

C’est bien sûr impossible à quantifier, mais je me demande si finalement, en terme de temps de réflexion, cela ne revient pas à peu près au même timing… ?

Sur le même genre de décision, par exemple une démission, une personne utilisant intuitivement la méthode 1 « rationnelle » commencera à se poser la question, puis mettra peut-être 6 mois à peser le pour et le contre, et enfin la posera officiellement… Alors qu’une personne ayant l’état d’esprit de la méthode 2 « déclic » n’arrivera pas forcément à formuler la question de départ, mais sera peut-être comme en « gestation » invisible de la décision pendant 6 mois, et, soudain, « prête à accoucher » !

S’observer, et comprendre le mode de fonctionnement qui nous est étranger

Le risque, c’est bien sûr de ne pas comprendre l’autre si l’on fonctionne différemment…

Par exemple, quelqu’un qui fonctionne avec la méthode « déclic » peut trouver particulièrement laborieuse et lente la méthode rationnelle, où tout est explicité, décortiqué, et trouver l’autre frileux. Il peut même avoir envie de le secouer, puisque pour lui un passage à l’action est forcément immédiat une fois la décision prise ! Et, bien sûr, ce serait contre-productif car le partisan de la méthode « rationnelle » se sentirait brusqué…

A l’inverse, quelqu’un qui fonctionne de façon rationnelle peut trouver l’autre agaçant dans son apparent immobilisme et manque de vision… et peut vivre de façon extrêmement violente un passage à l’acte soudain et en apparence irréfléchi selon la méthode « déclic » : la gestation étant invisible, il peut presque le ressentir comme s’il y avait eu « déni de grossesse » !

Il est donc primordial d’observer son fonctionnement pour mieux se connaître et garder confiance en soi... mais aussi comprendre que les autres puissent suivre une autre méthode que la sienne, sans que cela soit pour autant « mieux » ou « moins bien ».

Par exemple, je me sens blessée quand certaines personnes de mon entourage me jugent, trouvant que je « ne fais rien » et que je devrais « passer à l’action »… alors que je sens que je suis encore en « germination ¹ « .  « Rien ne sert de précipiter les choses, ce serait comme d’essayer de tirer sur une plante qui pousse. pour qui sait se montrer patient, le temps travaille toujours en notre faveur ! » Bianca Gaia. Me connaissant, une fois que le déclic est là le « temps perdu » est en général vite rattrapé…

Voir aussi   ¹ La théorie de la fraise

Rester vigilant sur son mode de fonctionnement

Attention cependant à ne pas se « complaire » dans son mode de fonctionnement et à rester vigilant, car chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients…

Dans le cas de la méthode n°1, « rationnelle », attention à ne pas repousser indéfiniment la prise de décision sous prétexte de perfectionnisme, qui pourrait être en fait une façade pour cacher une peur du changement…

Dans le cas de la méthode n°2, « déclic », attention à ne pas sauter « sans filet » dans l’inconnu en prenant des risques non calculés et inconsidérés sous le prétexte d’une bonne intuition

« Avez-vous déjà eu besoin de prendre une décision ? »

Pour le petit clin d’oeil, je vous mets une petite chanson sur le sujet de la prise de décision

Did you ever have to make up your mind? The Lovin’ Spoonful

Did you ever have to make up your mind?
You pick up on one and leave the other one behind
It’s not often easy and not often kind
Did you ever have to make up your mind?

Did you ever have to finally decide?
And say yes to one and let the other one ride
There’s so many changes and tears you must hide
Did you ever have to finally decide?

Sometimes there’s one with deep blue eyes, cute as a bunny
With hair down to here and plenty of money
And just when you think she’s that one in the world
Your heart gets stolen by some mousy little girl

And then you know you better make up your mind
And pick up on one and leave the other one behind
It’s not often easy and not often kind
Did you ever have to make up your mind?

Sometimes you really dig a girl the moment you kiss her
And then you get distracted by her older sister
When in walks her father and takes you in line
And says, « Better go home, son, and make up your mind »

Then you bet you’d better finally decide
And say yes to one and let the other one ride
There’s so many changes and tears you must hide
Did you ever have to finally decide?


Et vous ? Arrivez-vous à identifier votre mode de fonctionnement ? Avez-vous plutôt un processus de prise de décision « rationnel » ou « déclic » ? Et vos proches ? Et si vous en discutiez pour éviter les malentendus ?

8 réponses à “Etes-vous plutôt lièvre ou tortue ? Deux méthodes différentes pour avancer dans la vie”

  1. Nicoletta

    Tout d’abord, un grand merci pour ces jolis articles et belles réflexions inspirantes !!!

    L’article a inspiré en moi l’idée que l’avancement, que ce soit en déclic ou de façon rationnelle, c’est aussi faire un choix, prendre un risque et renoncer à la situation d’avant. Pour certains c’est excitant, pour d’autres effrayant mais surtout, vive la diversité psychique et toutes nos différences !

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  2. Nicoletta

    Tout d’abord, un grand merci pour ces jolis articles et belles réflexions inspirantes !!!

    L’article a inspiré en moi l’idée que l’avancement, que ce soit en déclic ou de façon rationnelle, c’est aussi faire un choix, prendre un risque et renoncer à la situation d’avant. Pour certains c’est excitant, pour d’autres effrayant mais surtout, vive la diversité psychique et toutes nos différences !

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  3. Sethlans

    Les deux mon capitaine ! Je pense que les personnes qui paraissent très rationnelles sont celles qui le sont le moins à la base. S’appuyer sur un raisonnement rationnel, à l’extrême, permet d’éviter de faire des erreurs qu’on peut faire quand on est impulsif – et après trop d’expérience amère on y vient naturellement.

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    • blogjourapresjour

      Merci Sethlans pour ton retour ! En effet, même si c’est parfois difficile à distinguer, on a parfois tendance à confondre intuition et impulsivité… Ecouter son ressenti et son intuition, oui, mais ne pas prendre ce prétexte pour faire n’importe quoi ! :)

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  4. Sethlans

    Les deux mon capitaine ! Je pense que les personnes qui paraissent très rationnelles sont celles qui le sont le moins à la base. S’appuyer sur un raisonnement rationnel, à l’extrême, permet d’éviter de faire des erreurs qu’on peut faire quand on est impulsif – et après trop d’expérience amère on y vient naturellement.

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    • blogjourapresjour

      Merci Sethlans pour ton retour ! En effet, même si c’est parfois difficile à distinguer, on a parfois tendance à confondre intuition et impulsivité… Ecouter son ressenti et son intuition, oui, mais ne pas prendre ce prétexte pour faire n’importe quoi ! :)

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