Se perdre dans les méandres des réseaux sociaux

» Dieu inventa Internet et fut tranquille avec les Terriens pour un bon bout de temps. » Denis Langlois
Depuis 3 jours, je suis à mon insu à la fois le cobaye et l’expérimentateur d’une expérience « scientifique » : l’immersion dans les réseaux sociaux. « A mon insu », c’est un peu paradoxal, car je suis bien sûr volontaire. Mais j’ai été tellement étonnée par mes réactions et les effets de cette plongée que je voulais les partager avec vous.
J’avais toujours été ¹ plutôt contre le principe des réseaux sociaux, pour le côté chronophage, et aussi un peu superficiel. Mais je m’y suis mise au départ pour créer un Facebook Jour après jour, et, sans m’en rendre compte, j’ai plongé la tête la première au passage !
Voir aussi ¹ Se surprendre soi-même
Un outil objectivement merveilleux
Cela a un côté très addictif : on découvre et on relaie des informations intéressantes ou amusantes, c’est très distrayant, il faut le reconnaître. On clique facilement, on partage facilement, on commente facilement, on zappe facilement… Les heures passent sans que l’on s’en rende compte ! Et puis cela a un côté un peu fascinant : je demandais à un ami s’il était déjà parti en voyage, il me renvoie dans les 5 secondes une photo de ses pieds au bord de la piscine…
On garde contact avec ses proches, on voit enfin les photos des enfants que l’on n’a pas vu grandir à cause de la distance, on partage ses passions, et on reprend contact ¹ avec délices en quelques secondes avec des gens dont on n’avait plus de nouvelles depuis 20 ans ! C’est vraiment merveilleux.
Ce qui est très étonnant, c’est que j’avais l’email ou le numéro de téléphone de la plupart des personnes que j’ai recontactées, mais je ne faisais pas la démarche… Comme si le côté « facile » et immédiat enlevait des barrières naturelles.
Voir aussi ¹ Oser changer de vie
Une plongée en immersion
Mais, comme j’ai toujours un petit côté excessif ¹ qui ne demande qu’à s’exprimer, j’ai plongé en immersion pendant de longues heures pendant 3 jours, à la fois amusée, fascinée et distraite. Comme si je rattrapais mes 10 ans de retard…
Mais comme je suis plus attentive sur mes réactions, et que j’ai plus de recul qu’avant (entre autre grâce à la méditation de Pleine Conscience, qui « muscle » la vigilance et l’attention), je me suis observée en même temps. Et je n’ai pas aimé les effets secondaires que j’ai remarqués.
Voir aussi ¹ De l’excès à l’équilibre
Des effets secondaires sur le corps et le mental
Ce côté « concentré » sur 3 jours m’a permis de vraiment ressentir les effets que je n’aurais peut-être pas remarqués sinon, et qui auraient été tout aussi présents, mais plus insidieux, plus dilués. J’ai ainsi noté plusieurs réactions curieuses :
Irritabilité
J’étais « accro » à ma dose de messages. Comme un dealer qui donne beaucoup et facilement au départ pour créer l’addiction, les messages étaient nombreux (forcément, 10 ans à rattraper !). Mais après, le dealer réduit les doses et augmente les prix… alors qu’on en veut encore plus ! Et j’ai alors ressenti que j’étais plus irritable et impatiente dans ma vie quotidienne.
Manque de sommeil
Ayant plongé en journée, mais aussi le soir, j’ai eu tendance à rogner sur mes heures de sommeil, et les effets cumulés de la fatigue et de l’exposition aux ondes et à la lumière de l’écran ont probablement accentué cette irritabilité naissante. Mon sommeil était moins réparateur et moins profond.
Mauvaise posture
La présence de longues heures devant l’écran n’est pas recommandée, et ce d’autant plus que je ne prenais pas toujours le temps de bien me positionner ¹ car je me connectais souvent au départ pour quelques secondes, puis je me laissais « happer » sans être vigilante sur ma posture.
Perte de vue de la vie quotidienne
Moins concentrée sur la vie quotidienne, j’ai été plus négligente sur les tâches ménagères et le choix de mon alimentation ². En trois jours j’ai mieux compris l’univers des geeks qui vivent dans le chaos et commandent systématiquement des plats tout prêts. Un petit côté Big Bang théorie !
Perte de vue des objectifs
Happée par le monde virtuel, j’ai eu l’impression de créer une nouvelle routine qui me « désaxait », et de perdre de vue mon focus sur les choses importantes, d’être dans une logique de « consommation » et non de réflexion. La culture de l’immédiat renforce le manque de recul…
Voir aussi ¹ De l’importance de bien se positionner ² S’interroger sur ce que l’on a dans son assiette
Un effet comparable à d’autres addictions
Tous ces effets cumulés m’ont fait penser à d’autres addictions : par exemple, je suis fascinée quand je vais chez des gens qui ont la télévision (ce qui arrive rarement car, de plus en plus, la plupart de mes amis n’en ont pas ou ne la regardent pas). Je comprends tout à fait que l’on soit happé par le zapping, c’est très addictif, on est vite scotché, voire hypnotisé, et on a parfois du mal à s’en extraire.
C’est un peu le même processus avec les sites de rencontre, avec les jeux vidéos, etc. A la fois on sait que ce n’est pas bon pour nous, qu’il est temps de « débrancher » ¹, mais on a du mal à détourner les yeux !
Voir aussi ¹ Débranchez !
Une activité chronophage
Sans compter la perte de temps… Ce ne sont que 5 minutes prises à chaque connexion, mais, mises bout à bout, cela fait facilement 30 minutes, voire une heure par jour (ou plus !). Et pourtant, combien de personnes manquent de temps et prennent ce prétexte pour ne pas aller à l’essentiel ¹ dans leur vie ?
Et puis, ces 5 minutes prises par-ci par-là ont un effet plus général sur la concentration et la perte d’attention. C’est une conséquence masquée, qui n’est pas forcément quantifiable, mais bien réelle. On ne s’arrête que 5 minutes… mais on a perdu entre temps son inspiration, le fil de l’action, son focus, et combien de temps va-t-on mettre à retrouver notre niveau d’efficacité initial ? En général, une tâche est plus performante quand elle est exécutée d’un seul tenant que « saucissonnée »…
Et puis, après toutes ces heures passés, qu’a-t-on réellement retenu, qu’a-t-on réellement fait ? On a souri, on a chatté, et c’est bien agréable… Et bien sûr je ne remets pas cela en cause ! Cela fait partie de la vie bien sûr. J’appelle juste à une vigilance sur les dérives éventuelles et, une fois de plus, les excès !
Voir aussi ¹ La bonne résolution la plus importante de votre vie Le secret de la gestion du temps
Une réflexion sur l’usage réflexe et quotidien des réseaux sociaux…
Peut-être vous direz-vous que ces ressentis sont dus à un usage un peu trop excessif, mais que, bien dosé, il n’y a pas d’effets secondaires ! Sans doute, quand on en fait un usage d’outil, et que l’outil ne devient pas le maître.
Mais je m’interroge sur tous ceux pour qui l’usage des réseaux sociaux, quels qu’ils soient, est intégré à leur quotidien. Pour qui c’est un réflexe, à chaque fois qu’ils prennent leur portable en main. Toutes les 5 minutes ? Toutes les 10 minutes ? Je pense en particulier aux digital natives, à la génération Y, suivie de la génération Z, pour qui c’est la norme.
On est là dans une culture de la consommation et de l’immédiat, tout est à portée d’un clic, on réfléchit à peine avant de liker ou partager une information. Et je me demande si les effets que j’ai ressentis en si peu de temps (perte de temps, de concentration, manque de recul et de réflexion, etc.) ne sont pas, insidieusement, de façon plus diluée, présents ? Diffusés en perfusion, à dose homéopathique, mais doucement et sûrement ? Sans qu’on s’en aperçoive ?
Rester vigilant
Je ne fais pas ma « réac » femme des cavernes qui jette le bébé avec l’eau du bain… J’appelle juste à une prise de recul sur ce qui est devenu notre quotidien, à conserver sa vigilance et sa liberté d’esprit ¹. A ne pas se diluer, et à apprendre à débrancher et rebrancher à bon escient.
Sur ce, je vais mettre de ce pas cet article en ligne sur Facebook ! :)
Voir aussi ¹ Garder son indépendance d’esprit
14 réponses à “Se perdre dans les méandres des réseaux sociaux”
Les réseaux sociaux sont ce qu’ils sont: une désincarnation de nos avis, de nos idées et de nos modes de pensées.
Une certaine liberté de parole, certes mais sans sans avoir le retour d’une moue, d’un visage contrit ou d’une attitude gênée (ou souriante!) devant nous.
Pour les avoir pratiqués, nous savons pertinemment qu’ils sont un certain exutoire de nos sentiments actuels.
Parce qu’en cela est le danger: les lecteurs pourront vous juger simplement sur une phrase ou sur un post de photo.
Les réseaux sociaux sont des discussions de bistrots ou de salons de thé.
Même si violence il peut y avoir.
Je ne suis pas contre, mais je pense en avoir retenu la leçon et je partage toute action qui me semble bénéfique.
Mais pas tant… A nous, suivant nos expériences de vie de savoir faire LA PART DES CHOSES!
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Merci beaucoup pour ce commentaire.
En effet, je pense que votre conclusion résume bien les choses : il ne s’agit pas de rejeter tout en bloc, mais d’apprendre à faire la part des choses…C’est valable dans tellement de domaines… merci!
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Les réseaux sociaux sont ce qu’ils sont: une désincarnation de nos avis, de nos idées et de nos modes de pensées.
Une certaine liberté de parole, certes mais sans sans avoir le retour d’une moue, d’un visage contrit ou d’une attitude gênée (ou souriante!) devant nous.
Pour les avoir pratiqués, nous savons pertinemment qu’ils sont un certain exutoire de nos sentiments actuels.
Parce qu’en cela est le danger: les lecteurs pourront vous juger simplement sur une phrase ou sur un post de photo.
Les réseaux sociaux sont des discussions de bistrots ou de salons de thé.
Même si violence il peut y avoir.
Je ne suis pas contre, mais je pense en avoir retenu la leçon et je partage toute action qui me semble bénéfique.
Mais pas tant… A nous, suivant nos expériences de vie de savoir faire LA PART DES CHOSES!
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Merci beaucoup pour ce commentaire.
En effet, je pense que votre conclusion résume bien les choses : il ne s’agit pas de rejeter tout en bloc, mais d’apprendre à faire la part des choses…C’est valable dans tellement de domaines… merci!
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Sur cet article on voit bien que tu penses que les réseaux sociaux te déconnectent de la réalité. Je partage cet avis. Le fait de mettre certaines barrières ou dispositifs mentaux (MPC,…) permettent de limiter l addiction. Je pense que tu as oublié dans ton article l’expérience, car tous ces sites qui permettent soit d étaler sa vie privée (type FB) soit afin de communiquer (site de e-rencontres) sont tout de même basés sur de la communication entre humain. Et ton article ne parle pas non plus du but recherché. Un peu à la façon de la gestion par résultat, chacun a un objectif en se connectant sur la toile, un objectif qui lui est propre. Et c est cet objectif qui définira l attitude que l utilisateur dévoilera sur les différents sites.
Par exemple pour toi, qui a du avoir beaucoup de succès entre autre sur meeting, tu as sûrement eu comme objectif de « placere » mais ton objectif principal était de voir si tu avais les capacités a rester consciente de tous tes actes, tes dires dans ce monde virtuel. Enfin c est mon analyse.
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Sur cet article on voit bien que tu penses que les réseaux sociaux te déconnectent de la réalité. Je partage cet avis. Le fait de mettre certaines barrières ou dispositifs mentaux (MPC,…) permettent de limiter l addiction. Je pense que tu as oublié dans ton article l’expérience, car tous ces sites qui permettent soit d étaler sa vie privée (type FB) soit afin de communiquer (site de e-rencontres) sont tout de même basés sur de la communication entre humain. Et ton article ne parle pas non plus du but recherché. Un peu à la façon de la gestion par résultat, chacun a un objectif en se connectant sur la toile, un objectif qui lui est propre. Et c est cet objectif qui définira l attitude que l utilisateur dévoilera sur les différents sites.
Par exemple pour toi, qui a du avoir beaucoup de succès entre autre sur meeting, tu as sûrement eu comme objectif de « placere » mais ton objectif principal était de voir si tu avais les capacités a rester consciente de tous tes actes, tes dires dans ce monde virtuel. Enfin c est mon analyse.
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Ma chère toi, il fût un temps où l’ordinateur était allumé en permanence à la maison, où je devais être « connectée » en permanence de peur de rater quelque chose. Du coup, en effet, je m’arrêtais « 5 minutes » pour au final y rester 1,2 voir 3 heures, oubliant même de temps en temps mon repas en train de cuire. Je commençais par lire mes mails, jeter un oeil sur Facebook, lire un article que l’on m’avait suggéré, cliquer sur un autre, ah tiens je dois acheter telle chose, j’en regarde une autre…au final rien de bien urgent au détriment de ma vie réelle du moment. Donc je me râlais après parce que la plupart du temps, cela ne me servait à rien. Depuis l’arrivée de notre petit bouchon l’ordi est éteint en journée, sauf si nous écoutons de la musique, (avec l’écran toujours éteint pour que justement il ne soit pas happé » par celui-ci). Désormais j’allume l’ordinateur pour quelque chose de précis, quand mon fils est à la sieste, pour me faire plaisir, lire un article, ton blog, surfer sur des sites de couture ou de loisirs créatifs parce que j’adore ça. Et de suite après je l’éteint. Je me réapproprie l’outil et décide désormais d’être moins active sur ma page Facebook où j’avais coutume de poster des photos et des bribes de ma vie. Mais je m’y connecte encore trop depuis mon smartphone pour voir les actus de mes contacts qui au final me laissent plutôt un goût fade parce que superficiel ou me chagrine lorsque j’apprends quelque chose d’important sur quelqu’un de proche via ce réseau au lieu de le savoir en direct par la personne. Je ne suis pas encore détachée de mon smartphone et ai tendance à allumer le wifi de la box quand je me pose dans le canapé. Mais je tente de l’éteindre complètement quelque fois en journée pour ne pas être tentée de regarder si j’ai un mail ou un message. Sur ce ma bonne amie je m’en vais me reposer un peu, avec un mon carbet de coloriage, sans téléphone, sans ordinateur, sans télévision. Juste avec une lumière douce et ma cheminée en attendant que Super-Papa et Caneton se réveillent
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Merci beaucoup pour ce merveilleux témoignage de débranchement… Comme quoi, on peut évoluer ! J’espère qu’il en inspirera d’autres !!!
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Ma chère toi, il fût un temps où l’ordinateur était allumé en permanence à la maison, où je devais être « connectée » en permanence de peur de rater quelque chose. Du coup, en effet, je m’arrêtais « 5 minutes » pour au final y rester 1,2 voir 3 heures, oubliant même de temps en temps mon repas en train de cuire. Je commençais par lire mes mails, jeter un oeil sur Facebook, lire un article que l’on m’avait suggéré, cliquer sur un autre, ah tiens je dois acheter telle chose, j’en regarde une autre…au final rien de bien urgent au détriment de ma vie réelle du moment. Donc je me râlais après parce que la plupart du temps, cela ne me servait à rien. Depuis l’arrivée de notre petit bouchon l’ordi est éteint en journée, sauf si nous écoutons de la musique, (avec l’écran toujours éteint pour que justement il ne soit pas happé » par celui-ci). Désormais j’allume l’ordinateur pour quelque chose de précis, quand mon fils est à la sieste, pour me faire plaisir, lire un article, ton blog, surfer sur des sites de couture ou de loisirs créatifs parce que j’adore ça. Et de suite après je l’éteint. Je me réapproprie l’outil et décide désormais d’être moins active sur ma page Facebook où j’avais coutume de poster des photos et des bribes de ma vie. Mais je m’y connecte encore trop depuis mon smartphone pour voir les actus de mes contacts qui au final me laissent plutôt un goût fade parce que superficiel ou me chagrine lorsque j’apprends quelque chose d’important sur quelqu’un de proche via ce réseau au lieu de le savoir en direct par la personne. Je ne suis pas encore détachée de mon smartphone et ai tendance à allumer le wifi de la box quand je me pose dans le canapé. Mais je tente de l’éteindre complètement quelque fois en journée pour ne pas être tentée de regarder si j’ai un mail ou un message. Sur ce ma bonne amie je m’en vais me reposer un peu, avec un mon carbet de coloriage, sans téléphone, sans ordinateur, sans télévision. Juste avec une lumière douce et ma cheminée en attendant que Super-Papa et Caneton se réveillent
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Merci beaucoup pour ce merveilleux témoignage de débranchement… Comme quoi, on peut évoluer ! J’espère qu’il en inspirera d’autres !!!
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Beau titre
Ça pourrait être le titre d’un film…
Il faut utiliser les réseaux sociaux avec modération …( est ce possible ..)
Dans le film Her, le personnage principal tombe amoureux d’une femme virtuelle
Les gens « excessifs » sont souvent aussi les plus sympathiques
C’est ce qui les rend attachants ..
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Merci beaucoup Gilles pour ton commentaire.
Il me semble que c’est possible, avec quelques règles auto-fixées pour se donner des limites afin de ne pas se laisser (trop) happer…
Pour l’excès, je t’invite à lire l’article » De l’excès à l’équilibre… » :)
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Beau titre
Ça pourrait être le titre d’un film…
Il faut utiliser les réseaux sociaux avec modération …( est ce possible ..)
Dans le film Her, le personnage principal tombe amoureux d’une femme virtuelle
Les gens « excessifs » sont souvent aussi les plus sympathiques
C’est ce qui les rend attachants ..
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Merci beaucoup Gilles pour ton commentaire.
Il me semble que c’est possible, avec quelques règles auto-fixées pour se donner des limites afin de ne pas se laisser (trop) happer…
Pour l’excès, je t’invite à lire l’article » De l’excès à l’équilibre… » :)
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